Présentation Caalan Winchester [En cours]

L’une des premières choses que l’on constatait en observant Caalan, était sa solitude, malgré un sourire encourageant sur le coin de ses lèvres. Lorsqu’elle était plus jeune, la plupart des gens qui connaissaient son histoire disait que ça devait être dû au deuil de sa famille, épreuve insurmontable, surtout pour la petite fille qu’elle était alors. Seulement, ils se trompaient. Ce n’était pas le chagrin que lui causait la perte de sa famille. Non, plus une difficulté à donner sa confiance aux gens.  Et avec ça bien sûr, une difficulté à communiquer normalement aux individus. Il faut également ajouter que la jeune avait extrêmement de mal à trouver quelqu’un qui lui plaisait. Par là, j’entends quelqu’un qu’elle ne trouvait ni trop idiot, ni trop prétentieux ou encore qui ne se la ramenait pas trop. Et si jamais une personne qu’elle ne pouvait pas supporter engageait la conversation, Caalan n’hésitait pas à lui dire ses quatre vérités lorsque les propos commençaient à devenir lassants. Malheureusement (enfin, par pour tout le monde), rares étaient ceux qui aimaient sa franchise, parfois si extrême que la conversation se finissait en baston, pour le plus grand bonheur de la chasseuse, qui considérait ça comme un défouloir et aussi le moment adéquat de mesurer sa force ainsi que sa technique de frappe. Il ne lui en fallait déjà pas beaucoup d’ordinaire pour mettre son poing dans la figure d’un abruti finit, mais avec son caractère prompt, les poches de glaces et les points de sutures devenaient ses meilleurs amis, au même compte que l’alcool fort qu’elle se descendait cul-sec avec ses compagnons de galère.

Il faut avouer que Caalan produisait un certain effet sur son entourage, avantage que cette dernière ne cultivait vraiment qu’en de rares occasions. Les robes splendides, renversantes et ultra moulantes qui peuplaient sa penderie se comptaient sur les doigts d’une seule main.  En revanche, elle était plutôt du genre à porter une veste en cuir moulante, ajourée sur un tee-shirt suffisamment décolletée pour obtenir plus facilement les informations qu’elle convoitait de la part de la gente masculine, ou féminine. Le tout, bien sûr, surplombant un magnifique jean slim très près du corps. La plupart du temps, une paire de talons hauts et fins venaient compléter sa tenue journalière et agrandi son mètre soixante-quinze. Quand à ses cheveux, la chasseuse n’aimait pas non plus se prendre la tête plus que ça. Très souvent, elle laissait sa tignasse, brune ou parfois rousse, tomber en cascade la long de sa tête jusqu’à sa poitrine, soulignant au passage ses yeux bleus clair. Ces mêmes yeux qui faisaient dire aux gens qu’on savait toujours ce qu’il lui passait par la tête. C’était un élément sur lequel il plaisait à la jeune femme d’attirer le regard en appliquant un trait de khôl noir, seule et unique coquetterie qu’elle s’autorisait en dehors de la lingerie fine qu’elle vénérait plus que tout sur cette terre et portait volontiers sous ses vêtements passe-partout.

Elle est née le 27 octobre 1994, dans un petit patelin de France, au sein d'une famille aimante avec ses deux enfants qui la précédaient. Elle s'entendait parfaitement avec ses parents, et encore mieux avec ses frères. Ensembles, ils formaient une belle petite bande, toujours prêts à faire les fous et à shooter les poules des voisins avec des cailloux. Ils se marraient bien dans leur petit bout de campagne. Puis, tout à basculer au cours de cette nuit tragique.

Ses parents, ses frères et Caalan rentrait d'un dîner chez des collègues du père en voiture. Sa mère était au volant. Son père aurait conduit volontiers, mais sa mère lui avait rétorqué que si jamais il devait souffler dans le ballon, et qu’il conduisait, ils auraient été bons pour rentrer à pieds, et par le temps qu’il faisait, ce n’était même pas imaginable. Il était tard, les yeux de la jeune fille la  brûlaient sous la fatigue, mais elle ne dormait pas pour autant. De toute manière, elle n'arrivait jamais à trouver le sommeil dans n'importe quel véhicule que ce soit. A sa gauche son frère aîné dodelinait de la tête contre la vitre de la portière arrière. Un mince filet de bave lui dégoulinait du menton. Elle se souvienait avoir pouffé de rire, et s'être moqué de lui avec son autre frangin, ainsi que le râle communicatif que ce dernier possédait en guise de rire.

Caalan n'avait pas beaucoup de souvenir de l’accident. Elle se rappellait juste d’avoir vu une violente lumière jaune inonder l’habitacle, si bien qu'elle fermit les yeux sous les rayons lumineux. Il lui semblait que la voiture avait continué de rouler normalement pendant quelques millièmes de seconde. Ensuite, elle entendit son père râler un grand coup, et la voix de sa mère insulté un chauffard. Ensuite, plus rien. Elle s'était simplement retrouvée sur un lit glacé d’hôpital, un énorme pansement recouvrant son front lancinant.

Peu après son réveil, un policier était venu lui parler. Enfin lui parler était un bien grand mot. Elle était le témoin, sourd et muet des mouvements de lèvres de l'officier avec ses oreilles bourdonnantes. Elle aurait voulu lui dire qu'elle ne l’entendait pas, qu'elle ne comprenait pas ce qu'il disait, encore moins ce qu’il se passait, et qu'elle aurait voulut que ses parents viennent la chercher. Ses parents, Ses frères... A cette idée, une terrible sensation, douleur naissante au plus profond de sa poitrine se fit sentir. Puis, des flots d'images lui revinrent en tête. La voiture qui roulait sur la route, les phares trop fort d'un autre chauffeur... Immédiatement, les larmes lui montèrent aux yeux, et un cris à lui brûler les poumons sortit de sa gorge. Elle criait si fort que des infirmières déboulèrent dans la pièce pour maintenir son corps frêle sur le matelas, et lui administrèrent un sédatif qui la fit sombrer dans un profond sommeil peuplé de sensations et d’images qui ne lui appartenaient désormais plus : celles des membres de sa famille.

L'enfant passa ensuite le reste de sa croissance à jouer les rats de laboratoire dans les familles d’accueils. Comme d'habitude, après chaque séjour dans une magnifique famille d’accueil, on lui demandait de donner son opinion sur le climat qui reignait au sein de ces foyers. Comment dire à ces assistantes sociales que leurs familles d’accueil étaient toutes plus abominables les unes que les autres ? Qu’ils se fichaient pas mal de leur bien être et que seul comptait pour eux la rémunération qu’ils touchaient pour avoir hébergé et nourrit des orphelins ? Le pire c’est que quand certains osaient enfin dire quelque chose, on les bernait en leur disant que non, personne ne les avait insultés, qu’ils devaient avoir mal entendus. Ce petit manège dura jusqu’à la seizième année de l'adolescente, âge où elle put enfin prendre sa vie en main, et décidé pour elle-même.

Il ne fallait pas croire, son statut de jeune émancipée ne lui permettait pas de déboucher le champagne avec ses potes tous les vendredi soir. Certes, elle obtenait une une petite bourse de l’Etat, mais pas suffisamment pour en vivre. Aussi, dut-elle trouver un moyen d'aménager son emplois du temps pour trouver un moment pour ses études, son boulot, ses amis et Dale, son copain. Jusqu'au jour où, encore une fois, tout basculât.

C’était une nuit du mois de novembre. La température était relativement agréable pour une nuit d’automne. Aussi, l'adolescente et ses amis avaient décidé d’organiser une petite soirée dans les bois, histoire de fêter les vacances qui approchaient et d’en profiter pour se vider la tête. Ensembles, ils s’étaient organisés dans une sorte de méga campement, avec plusieurs dizaines de tentes qui jonchaient le sol.  Bien évidement, perdus comme ils l’étaient au milieu des bois, pas moyen d'avoir de l’électricité, et encore moins de réseau. Mais cela n’était pas si grave au fond, puisque la pleine lune éclairait suffisamment pour que personne ne tombe sur les cadavres de bouteilles ou les fils des tentes

La musique tournait depuis un moment déjà, et les boissons avaient déjà commencé à circuler entre les gens, plus ou moins ivres, qui dansaient en rythme avec les pulsations des baffles. Caalan avait perdu son copain de vu. Enfin, il était partit marqué son territoire avec la digne compagnie de la bouteille de bière d'un abruti bourré qui lui faisait du gringe. Au bout d'une vingtaine de minutes, énervée par le comportement de son voisin et accompagné d'un de ses amis, le binôme partit à la recherche du disparus, qu'il retrouvèrent recroquevillé dans le noir, inconscient. Sa peau était froide et blafarde, son tee-shirt maculé de sang émanant d'une morsure qui barrait le torse du jeune homme.

Dale décéda  deux  jours plus tard. Les médecins n’avaient pas pus expliquer la cause de sa mort. Ils avaient dit qu’il était jeune et qu’il aurait dus survivre à la morsure, et qu’elle n’était pas si profonde. Personne ne comprenait pourquoi il était mort, pas plus que Caalan qui était déboussolée et s'était réfugié dans le mutisme de son appartement jusqu'au lendemain de l'enterrement où l'on vint frapper à la porte. Cette dernière s'ouvrit sur un homme grand, d'une trentaine d'année avec des cheveux précocement grisonnants. C'était la première fois de sa vie que Caalan le voyait. Pourtant, il s'adressa à elle comme s'ils se connaissaient depuis toujours, lui disant qu'il pouvait tout lui expliquer si elle le désirait. Néanmoins, pour cela il fallait qu'elle se prépare à voir son monde basculer vers un univers qu'elle aurait peut-être du mal à comprendre.

Trois jours plus tard, la future chasseuse partait avec l'homme pour commencer son entrainement, et ainsi venger Dale.