Rencontre au clair de lune [Elliot & Peter]

La sensation de l’herbe fraîche sous ses pieds nus était grisante. Tout comme l’odeur des arbres autour de lui, du clair de lune qui se reflétait dans ses yeux bleus. Peter profitait de toutes les choses dont il avait été si longtemps privé durant une balade, sous la présence froide de la pleine lune. En une sorte de défi, il releva la tête et lui offrit un sourire malicieux dont il avait le secret. Ce soir, il avait le contrôle ; ce serait lui qui choisirait ou non de se transformer, et non l’astre lunaire.

Rapidement, sa décision fut prise, et ce fut sous sa forme animale qu’il arpenta les allées de troncs, marquant son passage d’un coup de griffes sur quelques écorces. Pour marquer son territoire. Car cette forêt, tout comme la ville de Beacon Hills lui avait appartenu depuis qu’il était né. Il y avait apposé sa marque de nombreuses fois et il le faisait encore ce soir, comme un rituel bien huilé dont personne n’échappe. La bête se baladait, tel un animal dans son habitat légitime, suivant un chemin apprit par cœur il y a déjà longtemps de ça. Elle évitait le sentier, évitant par la même occasion les rencontres incongrues avec quelques jeunes venus se faire peur un soir de pleine lune. Ses souvenirs la firent bifurquer à droite et remonter en diagonale jusqu’à se retrouver face à un immense rocher. De nouveau un sourire. La créature recula de quelques pas, courut et s’aida de ses griffes pour escalader la surface lisse de la pierre. Arrivée sur le haut du rocher, elle contempla les silhouettes des arbres. Quelque chose brisait la quiétude de cette obscurité. Une autre silhouette, informe, pas très haute.

Peter plissa les yeux et se laissa tomber du rocher, arrivant sur ses pieds. Ses sens étaient en alerte, distinguant petit à petit la créature en face de lui : une panthère. Il leva les yeux au ciel sans pouvoir se retenir. Il ne pouvait pas passer une soirée tranquillement sans qu’un truc vienne contrecarrer ses plans. Les yeux de l’animal, d’un vert  lumineux, trouaient la pénombre, seuls indices de sa présence. Pendant un long moment, aucunes des deux personnes ne semblaient vouloir faire quoi que ce soit. Car après tout, ces deux créatures étaient humaines. Et le côté humain et animal de Peter, à peine distincts, était pour punir cette inconnue de son intrusion. Pas de là à aller jusqu’à la mort, parce que faire disparaître le corps lui demanderait bien trop de travail pour cette soirée, mais juste assez pour que la leçon soit comprise.

Les griffes du loup, tout comme son sourire, s’allongèrent alors qu’il avançait à pas feutré. En face, la panthère-garou semblait prête à rendre les coups elle aussi. Mais ce fut Peter qui commença les hostilités ; il s’abaissa rapidement puis, tout en douceur, attrapa la gorge de la créature et lui offrit plusieurs griffures à l’épaule… Acte qu’il regretta en sentant le poids de l’animal l’obliger à reculer jusqu’à ce qu’il se prenne les pieds dans une racine.