I need answers [Lydia & Peter]

 
Peter squattait une nouvelle fois le loft de Derek. Premièrement, ça exaspérait le jeune loup, ce qui ne manquait pas de l'amuser. Ensuite, son canapé était beaucoup plus confortable et ça l'aidait à penser. Derek lui cachait quelque chose, il en était sûr. Tout le monde ici lui cachait quelque chose de toute façon, mais le fait que ce soit son... Ah, il détestait le voir de cette façon, mais peu importe. Le fait que Derek soit son neveu, qu'il ait toujours tout confié à Oncle Peter et qu'il lui cache désormais quelque chose de si important l'énervait au plus au point. Et quand Peter était énervé, il tuait. Et lorsqu'il était énervé et ne pouvait pas tuer... Mieux valait ne pas être autour. C'était exactement la situation dans laquelle il se trouvait. Trop de chasseurs trainaient et surveillaient Beacon Hills pour qu'il puisse s'y amuser comme après son coma. Certes il en avait peut-être trop fait à cette période, mais il adorait l'effet dramatique que ça avait créé. De plus, si on mettait de côté les meurtres à répétitions et la menace constante qui pesait sur la plupart des habitants de cette ville, on pouvait dire que tout le monde s'amusait comme des petits fous. Voir plus. Des exemples, Peter en avait à la pelle. Scott, son premier et meilleur exemple. Depuis qu'il l'avait mordu, il sortait avec une fille assez populaire et mignonne, si on aimait le genre bécasse. Il était devenu Capitaine de Lacrosse et avait vécu plus d'aventure que la plupart des adultes. Stiles... Etait Stiles, mais Peter appréciait son sens de la déduction. Allison se révélait être une Chasseuse plutôt douée. Et Lydia une Banshee, ce qui était un don à la fois utile et pas forcément agréable. L'adulte avait donc largement participé à ajouter du piment dans la vie de tout le monde et personne ne l'en remerciait sous prétexte qu'il faisait plus de mal que de bien. Classique. Ses yeux vagabondaient un peu partout dans le loft alors qu'il soupirait. Que faire, que faire, que faire ? Fouiller les affaires de Derek semblait une idée plus que judicieuse.
Il monta les escaliers deux à deux, impatient de pouvoir enfin s’occuper et surtout de trouver ce que lui cachait son neveu. L’homme avait déjà une idée de certaines cachettes où il aurait pu planquer quelque chose, le problème c’était qu’il ne savait pas quoi chercher.


Il trouva rapidement ce qui pouvait suffisamment attirer son attention. Sous l’oreiller de Derek était dissimulée une boîte cylindrique en bois de chêne, avec une triskèle sur le couvercle. La subtilité de la cachette arracha un soupir de déception à Peter. Ce dernier la fit tourner entre ses mains, rapidement d’abord, puis plus lentement. Ne pouvant nier sa curiosité grandissante, il s’empressa de l’ouvrir et la fit tomber au sol de surprise. Talia. Qu’est-ce que ses griffes venaient faire ici ?
Sous prétexte de vérifier que personne n’arrivait au loft, il quitta la pièce quelques minutes. Il se devait de réfléchir, et rapidement. Peter savait que sa grande sœur adorée lui avait volé des souvenirs. L’occasion de les récupérer lui tendait visiblement les bras. Et pour rien au monde il n’hésiterait à les récupérer. Le problème, c’était Derek, car il reviendrait sûrement chez lui avant que l’Omega ait pu finir son investigation. Il haussa les épaules. Après tout, ce ne serait pas la première fois qu’il empièterait sur les affaires de son neveu, pas vrai ?
Retournant dans la salle, il replaça les griffes à l’intérieur de la boîte, attrapa sa veste et sortit en vitesse, sûr de sa direction. Durant sa marche, des centaines de questions l’assaillirent. Lydia était-elle capable de la prouesse qu’il allait lui ordonner d’accomplir ? Oui, il le savait. Et si ça n’était pas le cas, il trouverait un moyen pour qu’elle le fasse. Comme la menacer.
Devant lui se trouvait désormais la grande maison de la famille Martins. Il frappa à la porte, sûr de la personne qui lui ouvrirait :

-Nathalie, susurra-t-il avec un sourire charmeur. Resplendissante, comme à votre habitude. Lydia a sûrement oublier de vous prévenir, je dois l’aider à travailler… L’Histoire.

La charmer fut d’une facilité déconcertante. Elle le laissa entrer et attendre au bas des escaliers, exigeant de sa fille qu’elle descende tout de suite pour accueillir son invité. Lydia apparut sur le seuil de sa chambre, à l’étage. Lorsqu’elle vit le visage de Peter, ses yeux se voilèrent à la fois de colère et de peur, mais un geste de la part du loup en direction de sa mère la fit taire. Ses lèvres s’ornèrent d’un sourire chaleureux alors qu’elle l’invitait à monter. Un vrai talent de comédienne.
A peine la porte fut-elle fermée qu’il se tourna vers elle, un sourire léger marqué sur son visage.

-Je dois retrouver ma mémoire. Et pour ça, Lydia, tu vas devoir m’aider.

 Il fallait bien qu’on se l’avoue : Lydia était belle. Et comme si ça n’était pas assez, elle avait vue le jour munie d’une vive intelligence. Ca aussi, c’était un don. Enfin, tout dépendait du côté duquel vous vous placiez. Pour les professeurs qui enseignaient à cette jeune fille, avoir un petit génie comme elle devait être un véritable bonheur, tout comme pour ses amis qui pouvaient recopier les devoirs deux minutes avant le début des cours. Pour Peter par contre, c’était tout le contraire. Le fait qu’elle analyse toutes les situations et ne se laisse pas aller rapidement à la peur, comme la plupart des humains normaux ennuyait profondément Peter. De plus, ça lui faisait perdre l’un de ses avantages. Heureusement pour lui, ou malheureusement pour les autres, c’était un homme plein de ressource. Encore une fois, tout dépendait du point de vue.

« Pourquoi devrais-je vous aider ? » demanda Lydia, bras croisé, un brin de défi dans le regard.

Voilà. Absentez-vous pendant quelques semaines dans une ville où vous êtes le boss. Durant votre absence, la rébellion se propage comme une trainée de poudre et pour qu’on vous obéisse une nouvelle fois, vous êtes dans l’obligation de faire des choses pas jolies-jolies. Lentement, Peter s’approcha de la jeune fille jusqu’à ce que son dos touche le mur. L’homme avait toujours été soufflé par sa beauté, mais bien évidemment, il n’en montra rien. Adoptant une voix trop calme pour ne pas être menaçante, il sourit en coin.

« Tu veux vraiment que je te donne des raisons de m’aider ? Ta mère était très belle, aujourd’hui, très en forme. Ce serait une honte si sa tête se retrouvait détachée de son corps. Imagine la tête de papa… Enfin, il n’aurait pas vraiment le temps de se rendre compte de ce qui ne va pas, puisque mes griffes seront enfoncées dans sa gorge. Tu veux que je continue la liste, ma belle ? Je pourrais décimer chacun des habitants de Beacon Hills pour que tu réussisses à… » s’emporta Peter avant de s’arrêter net. Il n’avait pas lâché Lydia du regard durant sa longue tirade. C’était donc ça, le problème ?
« Mais ce que je ferais ne t’aiderais pas, pas vrai ? Le problème, ce n’est pas que tu ne veux pas… Mais que tu ne penses pas pouvoir réussir. »

Le loup s’installa sur la chaise de bureau, sortit quelques affaires d’Histoire-Géo et les éparpilla sur la table. Il laissa le temps à l’adolescente de penser, le temps de respirer. Quant à lui, il fallait qu’il réfléchisse. L’homme ne pouvait se permettre d’échouer avec Lydia. L’un de ses souvenirs était en jeu, et si sa sœur chérie avait eu la présence d’esprit de lui arracher de force… Et bien le retrouver était impératif, qu’importe ce qu’il contenait. Peter se retourna vers la jeune fille. Elle semblait en proie à un débat avec elle-même, mais l’Omega fit comme s’il n’avait rien remarqué.

« Ecoute-moi. J’ai… Besoin de ce souvenir. Je crois en tes capacités. Si tu es capable de trouver les morts, tu peux très bien trouver quelque chose qui se raccroche à la vie. Tu es bien plus qu’une annonciatrice de mort, c’est juste que tu ne le sais pas encore. »

Peter se remit sur ses pieds, prit la main de Lydia et y déposa la boîte.

C’était toujours les mêmes paroles qui revenaient aux oreilles de Peter, toujours les mêmes remarques désagréables. Et même lorsque les personnes en face de lui n’osaient pas parler, le dégoût qu’il lisait sur leurs visages était toujours présent. Alors oui, il était vrai que Lydia avait été bien plus perturbée par l’arrivée du surnaturel que n’importe qui.  Même Scott, l’acteur principal de toute cette foire, s’en était mieux accomodé –et c’était un euphémisme-. Certes, la plupart des Banshees finissaient leurs vies enfermées dans un asile ou pendues au bout d’une corde… Mais Lydia était une jeune femme forte, et elle l’avait déjà prouvé par le passé. Tout d’abord en supportant les avances que Stiles lui avait faites durant toute leur enfance et adolescence. N’était-ce pas la preuve d’une grande force de caractère ? Si. Même devant Peter, elle ne tremblait pas et rassemblait tout son courage pour lui tenir tête, en essayant tant bien que mal de rester digne. Cette jeune fille était si étonnante.

« Qu’est-ce que c’est ? », demanda Lydia, le regard posé sur la boîte  tout en restant concentrée sur les moindres faits et geste de l’homme face à elle. Sa voix haute perchée était méfiante. Peter n’en attendait pas moins d’elle.

Posant sa main sur celle de Lydia, il lui lança un regard amusé, obligatoirement accompagné de son sourire en coin. Etre prêt à découvrir ce que sa sœur lui avait volé le rendait aussi euphorique qu’un gosse le jour de Noël, chose qu’il essaya de cacher comme il pouvait. Surtout, il devait se montrer patient.

« Comme tu l’as sûrement deviné, Lydia, ceci est une boîte. Mais vu que nous sommes à Beacon Hills, une ville où il y a une forte concentration de choses surnaturelles… Ce n’est pas juste une boîte. Je te suggère fortement de l’ouvrir pour découvrir son contenu. »

La voix qu’il avait adopté était légère, aussi détachée qu’à l’accoutumée, prouesse dont il se félicita. Ses yeux, eux, se voulaient légèrement moqueur. D’une légère pression pour ne pas effrayer Lydia, Peter fit tourner la main de cette dernière pour dévisser le couvercle de la boîte. Captant le regard de la jeune fille avant qu’elle ne puisse jeter un coup d’œil à ce que le réceptacle contenait, il parla à voix basse.

« C’est la dernière chose qu’il me reste de ma chère sœur et qui a survécu à l’incendie. Certains trouvent ça adorable, mais c’est juste flippant. Comme je te l’ai expliqué, elle m’a volé un souvenir. Pas de morts cette fois-ci. »

Il essayait tant bien que mal de la rassurer et de la préparer à ce qu’elle s’apprêtait à voir. Lui indiquant d’un regard la boîte, l’homme recula de quelques pas. Laisser à Lydia tout l’espace et le temps dont elle avait besoin se révélerait très important pour la suite des évènements.
Des talons aiguilles résonnèrent dans les escaliers, arrachant un soupir à Peter. Il n’avait aucunement besoin de la présence de Nathalie maintenant. Traversant la chambre en quelques enjambées, il s’assit sur la chaise attenante au bureau et saisit le manuel d’Histoire. Le coin de la table semblait lui faire de l’œil pour qu’il y pose ses pieds, ce qu’il fit sans hésiter. A peine deux secondes plus tard, Nathalie entrait sans frapper, toute pimpante. Ses yeux glissèrent sur les jambes de Peter jusqu’à arriver sur ses pieds. Une barre entre ses sourcils fit son apparition, visiblement soucieuse.

« Je donne des cours particuliers à de jeunes surdoués et ils adorent ma manière non conventionnelle d’enseigner, justifia l’homme d’une voix quelque peu claquante. Lydia a beaucoup de connaissances. J’aimerais qu’on puisse échanger en paix. La présence d’un parent peut nuire à cet enseignement privilégié. »

Il y a quelque chose d’admirable dans la famille Martin, plus précisément chez les femmes de cette famille. Premièrement, la plupart d’entre elles sont des Banshees. Deuxièmement, leur capacité à faire comme si tout allait bien. Comme s’il n’y avait pas de problèmes, jamais. Alors que la réalité était tout autre. Prenons l’exemple flagrant de la scène qui se déroulait ici-même. Nathalie savait pertinemment que quelque chose clochait ; Peter pouvait l’entendre grâce à son rythme cardiaque. Et pourtant, elle agissait comme si de rien n’était, se cachait derrière un masque de normalité. Elle allait laisser sa fille unique, réputée folle notoire et paranoïaque aux mains d’un adulte charmeur (il faut l’avouer) dont elle ne connaissait rien, tout ça pour sortir avec une amie ! Si cela la dérangeait, elle ne le montra pas. Mieux, elle s’excusa ! Peter s’amusait comme un fou, dans cette maison.

-D’accord, amuse-toi bien, acquiesça Lydia faiblement.
-Passez une agréable soirée, Nathalie, ajouta l’homme en souriant, il fallait le dire, assez hypocritement. Il n’en avait rien à faire de la soirée de madame Martin. Il voulait simplement retrouver sa mémoire.

Lydia attendit quelques secondes, qui semblèrent une éternité, avant de se ressaisir de la boîte. Effleurant le bois à la manière d’un archéologue, ses sourcils se froncèrent, provoquant un léger sourire chez le loup. Ce dernier dévorait du regard la jeune femme… Bien sûr, c’était un mauvais jeu de mot après ce qu’il lui avait fait subir. Enfin bref, il la dévorait du regard avant qu’elle ne tourne les yeux sur lui et qu’il fasse mine de s’intéresser à son plafond, faisant semblant d’attendre patiemment. L’homme ferma les yeux et se concentra sur les bruits. Le frôlement de la main de Lydia sur le bois rugueux, ses doigts qui agrippèrent le couvercle, les griffes qui tombèrent lentement dans sa paume… La douce voix de la jeune fille lâchant un « Oh mon dieu ! » aigu. C’est à ce moment là que Peter se redressa et qu’il observa la Banshee. Cette dernière lui adressa un regard qui ne dura pas plus d’une seconde mais qui fit passer beaucoup de choses. Principalement la question « Mais quel taré garde ça chez lui ? ». Très bonne question. Il faudrait qu’il la pose à son neveu.

« Qu’est-ce que je suis supposée faire avec ça ? »

Ses yeux étaient clos, sa voix avait le son d’une hystérie contrôlée. Peter ne pouvait lui jeter la pierre, aillant eu lui-même une réaction approximative. Sa main quitta sa bouche lentement tandis que ses paupières se rouvrirent elles aussi. L’homme arqua un sourcil et roula des yeux excessivement, comme toujours quand une personne lui sortait une phrase particulièrement idiote. Donc très souvent. Surtout lorsqu’il était en compagnie de McCall.

« Très franchement, Lydia, j’attendais que tu fasses tous tes trucs de Banshee, commença Peter d’une voix claquante. Et pour répondre à ta question silencieuse, sache que j'ai trouvé la boîte chez Derek. Tu vois, je ne suis pas le psychopathe que tout le monde pense que je suis. (Il laissa passer une minute, les coudes posés sur ses genoux, penché en avant.) Fais tout ton possible, reprit-il d'une voix moins sévère, presque douce. Tu ne sais pas ce que ça fait d'être privé de sa mémoire. Ca te rend complètement fou, ajouta-t-il avec des accents désespérés. »

La folie l'avait déjà touché, certes. Mais ce genre de folie était différent. Avoir besoin d'une chose si désespérément sans même savoir quoi relevait du calvaire, affectait les émotions bien plus que ce que Peter aurait souhaité. Une preuve ? La petite lueur qui s'était allumé dans ses yeux. Une étincelle de douleur, d'espoir et de beaucoup d'émotions mêlées. L'homme se détesta de montrer sa faiblesse, si ce n'était la plus grande, à Lydia.

Il y a une force de caractère chez les gens têtus qui, même sans le vouloir, oblige l’admiration. C’était l’habitude ce qui se passait avec Lydia. Mais visiblement, le fait qu’elle tienne des restes humains dans ses mains calmait désagréablement ses ardeurs.  Peter roula des yeux face à cette constatation avant de se rappeler que peu de personne avait son habitude de faire des carnages dès qu’un élément fortuit venait contrecarrer ses plans et que, par voie de conséquence, n’était habitué à tenir des restes humains.  Mais revenons à l’instant présent.  La jeune fille avait posé les mains sur les griffes et sans aucunes raisons visibles, jeta un coup d’œil à Peter. Le doute se lisait dans son regard aussi aisément que l’appréhension. Comme pour l’encourager, l’homme hocha la tête. Lydia prit alors une grande inspiration, ferma les yeux et ne bougea plus. Peter s’efforça aussi de rester calme, essayant au maximum de ne pas faire de bruit avec sa respiration. Il aurait bien pu s’évanouir à cause du manque d’oxygène qu’il s’en serait fichu ; il voulait ce souvenir et Lydia était la clef pour assouvir ce besoin.
L'impatience du loup grandissait au fur et à mesure que les minutes s’écoulaient. La Banshee n’avait pas bougé d’un pouce et ne réagissait pas, ce qui, par déduction, signifiait que rien ne se passait. L’impatience laissa place rapidement à la colère, qui éclata à la phrase de Lydia.

« -Rien ! Il ne se passe rien !
-Tu n’essayes pas, lâcha Peter en hurlant, déjà à moitié transformé. »

Tremblant de rage, il tourna le dos à la jeune fille et, d’un geste rageur, enfonça son poing dans le mur, ce qui eut pour effet de calmer sa colère une demi-seconde.  Avisant les cahiers et autres affaires éparpillées sur le bureau, il envoya tout valser à l’autre bout de la chambre. Ses griffes s’allongèrent alors et il s’approcha de Lydia. Ses membres étaient toujours tremblants, bien qu’il essayait de contenir sa colère en serrant les poings. Du sang perla lentement le long de ses mains mais encore une fois, il ne s’en préoccupa pas. Il devait se calmer. Il ne voulait pas blesser l’adolescente, et ce pour tellement de raisons qu’il ne pouvait pas s’expliquer à lui-même. Fermant les yeux, il se força à respirer régulièrement, malgré les grognements qui s’échappaient quelquefois, hachant sa respiration déjà saccadée.
Après plusieurs minutes, il glissa une main crispée dans ses cheveux, les colorants légèrement de sang. Ses yeux s’ouvrirent et se posèrent sur Lydia. Un éclair d’inquiétude passa sur le visage de la jeune fille.

« Lydia, commença Peter d’une voix contrôlée. Il vaudrait mieux pour nous deux que tu te concentres vraiment sur ta tâche. Je t’ais connu plus déterminée. Essaye d’autres choses. N’importe quoi. »

S'il y a bien une chose qui est pire qu'une personne qui ne finit pas ses phrases, c'est une personne qui ne finit pas ses phrases et qui, en plus, vous balancent des griffes au visage. Pour la défense de Lydia, elle n'avait pas visé le visage de Peter. Et puis elle avait très bien visé, il fallait le remarquer. Les dix petites griffes, plantées dans l'énorme trou dont le loup-garou était responsable. Ce dernier se retourna vers Lydia, prêt à l'incendier d'un sarcasme à propos du meurtre. Il venait d'ouvrir la bouche, les yeux étincelants, avant que ces mêmes étincelles s'éteignent au geste ferme de la jeune fille. Ses lèvres se soudèrent. Elle n'était pas inconsciente, elle devait avoir eu une bonne raison d'agir ainsi avec lui. Des raisons de Banshees. Lydia s'avança lentement, attentive, comme si elle était... à l'écoute. Peter se recula en faisant attention à n'émettre aucun bruit ; il avait vu assez de Banshees en action dans sa vie pour reconnaître leurs moments de transes. Et il avait appris à ses dépends que mieux valait les laisser en paix lorsque cela arrivait.

Son attention était rivée sur les faits et gestes de Lydia. La belle Lydia et ses cheveux blonds vénitiens collaient ses oreilles contre le mur, toujours aussi absorbée par... quoi qu'il était en train de se passer. Et d'un coup, elle se recula, dans un grand bruit de talons et de tissus. Sa main éternellement posée contre sa bouche, le portrait même du choc à l'état pur. La belle Lydia qui ne lâcherait aucune information.

Si Peter avait parut énervé quelques instants plus tôt, l'état dans lequel il était maintenant n'était en rien comparable. Une rage froide courut dans ses veines et l'homme dut se faire violence pour ne pas laisser surgir son loup. Lentement, ses griffes se rétractèrent, sans que son regard haineux ne quitte le beau visage de Lydia. Oui, il ne faisait aucun doute qu'elle connaissait son souvenir... Et qu'elle ne lui dirait rien. Absolument rien. Peter secoua la tête en soufflant, comme pour se calmer, mais le résultat fut l'inverse de l'effet escompté. Sans un mot, il s'approcha de Lydia, lentement, félinement.

-On sait tous les deux que tu ne diras rien, Lydia... Pour que tu ais réagi comme ça, je suppose que ce souvenir est bien plus important qu'un meurtre que j'aurais pu commettre. Et quel avantage pour ma chère sœur de m'arracher le vague souvenir d'un meurtre, noyé parmi tant d'autres...

Pour appuyer ses dires, Peter avait attrapé le cou de Lydia, la plaquant contre le mur, à quelques centimètres seulement des dix griffes solidement plantées dans la tapisserie. Il serrait légèrement au fur et à mesure que le nombre de ses mots augmentait, insensible à la panique qu’il lisait dans les yeux de la jeune fille. Finalement, il la lâcha, la regarda de haut en bas puis observa le bordel sans nom qu’il avait mis dans la chambre.  Peter traversa la pièce, enjambant les livres et cahiers qui gisaient au sol, jusqu’à sortir dans le couloir. Il dévala les escaliers d’une démarche rapide, agacée, et disparut dans la nuit comme il était venu.

HRP ::