Alpha et Oméga [PV Rhéa Leto]

Je devais avouer que je ne pouvais cesser de repenser à Shun et Henry. Un loup et un chasseur. Que tout sépare mais que j’unis. Sans qu’aucun ne le sache. Etonnant et si enivrant. L’un comme l’autre avaient su me combler lors d’une nui intensément magique. Orgasmique. Bien que j’aie dominé Shun, Henry m’avait dominé. Et aujourd’hui encore je ne m’en remettais pas. Comment avais-je pu laisser un humain me dominer de la sorte. Le seul qui l’avait fait était mon seul ex humain... Alex, un chasseur lui aussi. Il faut croire que je suis abonnée à jouir pour eux tiens... Bon ce n’était pas le moment de repenser à eux deux. Bien que je ressente un vide à me réveiller ainsi, seule. J’aimais beaucoup la douceur de Shun qui contrastait avec les taquineries incessante d’Henry. Henry... Je n’arrivais pas à me le sortir de la tête. Il m’avait marquée, sans le savoir. Je le voulais à nouveau mais je doutais de le revoir un jour... Dommage, mais d’un côté tant mieux. Pourquoi me mettrais-je en danger pour une nuit de plus avec un chasseur aux multiples conquêtes ? Je n’étais qu’un nom de plus à son... Ses tableaux de chasses.
 
Je me secouais pour sortir ce beau brun ténébreux de la tête. Mais ce fus chose veine. Avec le temps, je l’oublierais. Je ne devais pas succomber. A qui que ce soit. C’est donc en rouspétant intérieurement que je descendis travailler ce jour-là. De toute la matinée, je n’avais pas eu grand monde, à croire que le beau temps n’incite pas à aller au garage faire bichonner sa voiture ! Donc à part une vidange et une batterie à changer, j’avais pu faire mes comptes et constater que je m’en sortais parfaitement bien. J’avais de quoi me prendre un collègue ou un apprenti. Génial ! C’est donc la tête plongée dans le capot d’une voiture que je sentis une odeur alarmante. Un alpha approchait. Merde. Je fus prise d’une petite panique. Ils m’avaient déjà retrouvée ? Allais-je devoir me battre ? Je me fis violence pour me calmer. Je n’avais aucune preuve que cet alpha connaissait mon père. Alors je sortis silencieusement de mon bureau quand une voix féminine s’éleva dans mon dos. Une alpha. Je me retournais pour lui faire face. Elle était jeune, avec de beaux cheveux blonds. Je tentais de lui sourire... En vint.
 
 
 
A vrai dire, qu’elle est parlée de Shun me rassurais énormément et je me détendis un peu. Elle ne montrait aucune aura dominante et ne cherchait pas à me soumettre de force, alors je pouvais lui laisser le bénéfice du doute et savoir ce qu’elle me voulait. Même si j’avais une vague idée de la réponse. La véritable question étant : étais-je prête à intégrer une nouvelle meute ?
 

Je ne savais pas si j’appréciais ou non cette femme, mais elle eut le respect de ne pas s’imposer sur mon territoire, toute alpha qu’elle fut. Alors je me détendis, un peu en la voyant sourire. Oui, elle n’avait pas l’air spécialement... Vantarde. Ou sûr d’elle. Je la vis prendre sur elle, comme pour se lancer dans un discours et je commençais à prendre peur. Enfin, façon de parler. Mais je serais les dents en l’entendant parler.
 

 

 
Je la regardais. Elle réfléchissait, et je fis de même. Je n’étais pas idiote. Elle ne se serait pas déplacée pour si peu. Si je pouvais me permettre de considérer la mort de sa fiancée et le trauma que cela avait suivi, comme peu. Alors soit elle me voulait dans sa meute pour permettre à Shun de se sentir équilibré, avec des gens qu’il connaissait, ou alors elle avait vraiment besoin de monde dans sa meute et elle venait en désespéré... Mais j’en doutais. Elle me tendit une carte avec ses coordonnés, au cas où Shun sombrait à nouveau. Je souris. Je savais gérer ça. Même si je l’avais fait en le prenant entre mes cuisses se coup ci. La prochaine fois, je devrais éviter.
 
 
Je détournais le regard. Je préférais ne pas lui mentir. Mais je ne lui dis pas toute la vérité non plus. Etre en fuite, pour la bêta de tête, était quelque chose de grave. Et je m’en voulais suffisamment comme ça. Alors oui, j’avouais ce que j’étais, j’avouais ma honte. Mais je voulais comprendre ce qu’elle me voulait. Et puis... J’étais un peu jalouse de sa proximité avec Shun. Mais ça non plus, je ne lui avouerais pas.
 

Ne sentant aucune animosité de la part de cette jeune alpha, je l’invitais à s’asseoir dans mon bureau en fermant la porte, loin des oreilles indiscrètes. Un fois loin de tout, je me mis à réfléchir aux questions qu’elle me posait. Devais-je y répondre ou lui faire comprendre que cela ne la regardait pas ? Je ne pouvais me montrer aussi grossière envers une femme qui prenait la peine de me voir pour le bien être de son bêta. Vider mon sac hein ? Ohlala... Elle allait se moquer de moi. Je fis de la place sur mon bureau pour lui laisser le canapé libre. Je croisais mes jambes en la regardant, me mordant la lèvre. Si je lui mentais, elle le sentirait et risquerait de le prendre mal alors tant pis. Je pris une grande inspiration avant de me lancer.
 
-Il n’y a bel et bien que trois meutes dans le coin. Je viens de beaucoup plus loin..... Je suis française et je fais partis du clan Kaer. Ou Leto puisque le chef de clan a changé. Mon père est l’alpha de notre clan, avec le temps j’ai gagné la place de bêta de tête et j’ai appris à gérer les membres de ma meute et éviter les combats inutiles avec les autres clans du coin. Nous possédons le plus grand territoire de Bretagne. Les landes sont notre domaine et nous avons beaucoup d’espace pour courir. A mes seize ans, j’ai appris que j’allais me marier avec mon premier amour. En soit, cela m’aurait rendu heureuse si ce dit amour ne m’avait quitté en disparaissant du jour au lendemain pendant un an pour revenir complétement changé, à cause de son père, un alpha d’un clan adverse. Soit ils nous déclaraient la guerre, soit on se mariait. Zéphyr, mon premier amour, avait changé. Dominant. Brutal. Puissant...
 
Je me mordis la lèvre... Je n’aimais pas parler de ça, ça me brisé le cœur. Je sentis les larmes me monter aux yeux et inspirais profondément, sentant encore l’odeur d’Henry qui envahissait la pièce, me calmant en me tirant un discret sourire. Oui. J’avais Shun et Henry, je ne devais plus avoir peur de finir brisée par Zeph. Je passais la main sur mon cou, distraitement, là où le chasseur m’avait laissé un suçon, qui avait disparu depuis longtemps. Je soupirais avant de continuer.
 
-Pendant cinq ans, ou six je ne sais plus trop, j’ai réussis à recaler Zeph, malgré ses gestes frôlant les attouchements par moment. Il avait été mon premier mais je me refusais à lui, il n’était plus celui que j’aimais. Il y a six mois/un an, j’ai appris que notre mariage était programmé et que je n’avais rien à dire. Alors j’ai pris mes clics et mes clacs et je suis parti. Pour atterrir ici...  Mon père voulait absolument éviter une guerre des clans et à sa place j’aurais sans doute fait le même choix et peut être même accepté le mariage si Zeph n’était pas aussi dominant. Je ne me soumettrais pas à un mec qui refuse de me laisser libre de mes actes. J’ai une fierté à tenir et comme toute louve qui se respecte, je ne soumets que si le mâle le mérite. Voilà, tu sais maintenant pourquoi j’ai la sensation d’avoir trahis les miens. Je sais qu’en soit, je suis en danger loin de tout... Mais ai-je vraiment le droit de rompre avec les miens comme ça ?
 
Je plongeais mon regard dans celui de l’alpha, recherchant sincèrement son avis sur la question. Car une meute signifiait la confiance entre les membres et j’avais l’impression d’avoir bafouée la confiance des miens...
 

J’attendais une réaction de cette alpa. Elle devait me trouver idiote. Moins que rien. J’avais tout détruis avec ma meute, elle ne voudrait jamais de moi. J’étais une honte pour notre race. Mes yeux me brulaient mais j’avais trop de fierté pour pleurer. Même seule. Deux personnes m’avaient vu pleurer. Enfin, trois. Mon père, Zéphyr et Alex. Deux m’avaient trahi, j’avais trahis mon père. Au final je relève les yeux vers cette jeune femme que je respecte. Dans comprendre d’où me vient ce respect. Elle se met droite, digne et puissante. Je  suis tellement honteuse que je me sens minable. Pourtant ses mots se fichent droit dans mon cœur.
 
-Je comprends ce que tu ressens. Je dois avouer que tu es vraiment courageuse. S’enfuir des siens, changer de pays et essayer de refaire sa vie, seule, ce n’est pas facile, Mais tu as réussis. Alors pourquoi ne pas continuer à profiter  de ta liberté ? Tu as montré à Zéphyr que tu n’allais pas te laisser faire. Certes, c’est possible qu’il te retrouve, et si c’est le cas et que j’étais à ta place, j’aimerai lui montrer à quel point je suis forte, que je n’ai pas besoin de lui en lui montrant clairement que j’avais parfaitement réussis à refaire ma vie. Mais espérons qu’il ne te retrouve pas.
 
Je me mordais la lèvre inférieure alors qu’elle me laisse le temps de tout assimiler. Elle n’avait pas tort, et entendre ses mots me firent réaliser à quel point je me sentais minable pour rien. Je m’étais privée de tout car je ne m’en sentais pas digne. Mais j’étais... La victime et non la fautive. Je souris doucement, cette alpha... Mon alpha. J’avais déjà pris ma décision. Je rejoindrais sa meute. Alors que j’allais le lui dire, elle enchaîna.
 
-Écoute, je sais que c’est encore le discourt classique de l’alpha protecteur, mais je peux t’aider. Je peux te protéger de Zéphyr. Je suis sûre que tu sais bien te défendre, mais à plusieurs, on est toujours plus fort. Laisse le passé qui t’emprisonne de côté pour pouvoir vraiment te sentir libre de tous ceux qui t’ont déjà fait du mal. Et tu n’as pas trahit ta meute. C’est elle qui a voulus te priver de ta liberté. Tu n’as rien à te reprocher.
 
-Je sais. Je... Zephyr me retrouvera. Je le sais, je le connais. Et je dois t’avouer deux choses : je ne fréquente pas que Shun. Mais aussi un chasseur. Il ne sait rien de moi sauf l’endroit où je bosse et mon nom. On ne fait que coucher ensemble et il ne pas menacé. Il est joueur. Bref je ne vais pas te raconter mes aventures, mais je tenais à ce que tu le sache, car je te rejoins. Je peux te donner son nom, vu que tu es flic, ça pourrait t’être utile : Henry Beckett. Sur ce, Joy Nolan, j’accepte de rejoindre ta meute et... Je te remercie de m’accorder ta protection.
 
Je me levais et baisais la tête en signe de soumission. J’attendais sa réaction. Si mon père nous griffait au-dessus du cœur en guise d’intronisation dans sa meute, je ne savais pas ce que faisait cette femme. Alors je subirais en silence et en réprimant la douleur, lui prouvant que je suis digne de sa protection et de sa meute.