Malia. Ça fait un moment qu’on  se connaît. Peu de temps après mon arrivée, la petite troupe de Scott m’a fait un topo sur ce que j’avais raté. J’ai beau ne pas revenir à Beacon Hills le cœur en joie, je me mettais tout de même au courant des dernières nouvelles. J’en appris des belles et fis notamment la connaissance de Malia. Dans la meute de Scott je suis assez en retrait, je crois qu’il n’y a qu’avec Stiles que j’ai réussi à tisser plus de lien. Comment j’ai fait pour y arriver d’ailleurs ? Bref, au départ, je ne pensais pas du tout que je m’entendrais avec Malia. Elle est sauvage, ça se lit dans son regard. Je le sais car j’ai le même regard. Je pensais qu’on allait se marcher dessus, s’envoyer piques sur piques à n’en jamais finir. Mais rien de tout ça. Au contraire, et heureusement. Car si ça c’était passé comme je me l’étais imaginé, alors je serais passée à côté d’une très belle amitié. Mais surtout d’une très rare…

Notre complicité en avait étonné plus d’un, la manière dont nous étions ensemble déclenchais la surprise, faisant découvrir une autre facette de notre personnalité, celle de personne qui tiennent à d’autres personnes qu’elle-même, qui s’accroche à autrui. Et nous deux, nous avons réussi à le faire en très peu de temps alors qu’ils ont côtoyé Malia depuis plus, et que j’en avais rencontré certains bien avant sans réellement tisser de liens… Mais nous étions ainsi et je tiens à Malia, je n’ai pas peur de l’avouer, ce n’est pas une faiblesse, j’en suis fière, fière d’avoir trouvé quelqu’un qui me comprend avec qui je peux être moi-même.
Par contre, ce n’est pas pour autant qu’on fait les discrètes… bien au contraire… nous sommes d’autant plus sauvages ensemble. Contrairement à Malia je ne suis pas en retard au niveau scolaire et Stiles m’avait reproché de l’a distraire un peu trop, je me souviens que je m’étais contenté de lui ébouriffer les cheveux en déclarant : « Laisse-la vivre un peu ta copine. » Avant de filer avec Malia. Il nous faisait aussi beaucoup de bien de nous détacher de temps à autre du groupe, pour respirer et ne plus avoir à faire à leurs regards suspicieux et parfois ceux supérieurs que peuvent prendre certains.

Ce soir, j’allais pour retrouver de nouveau Malia, nous nous étions donné rendez-vous dans un bar. J’étais dans ma chambre, si on peut appeler ça une chambre d’ailleurs, dans l’entrepôt abandonné récupéré par Derek. J’avais emménagé mais ma chambre n’avait rien de bien chaleureux. La musique emplissait la pièce, Derek s’en était déjà plaint mais je n’avais pas baissé pour autant. Je me préparais, laissant mes cheveux ballants, bien que l’on soit en soirée, ils étaient toujours lisses bien que je les ais lissé le matin. Je n’y touchais pas et enfilais un jean bleu marine, un débardeur gris et une jacket mi-cuir noire. Mes bracelets ne quittant jamais mes poignets je n’ajoutais pas plus d’artifices à ma tenue, ni même de maquillage ou autre. J’attrapais mon sac à bandoulière et sortis, tapotant au passage l’épaule de Derek qui se réjouissais que j’ai mis fin à mon vacarme.
Quelques minutes plus tard, après avoir traversé les différentes rues menant au centre, j’arrivais enfin au bar et y entrais. Je n’eus pas grande difficulté à localiser Malia. L’odorat affiné de louve m’y aidant tout comme j’imaginais qu’elle m’avait entendu rentrer. Ou senti… Bref. Elle était au bar et je la rejoins : « Oui, oui, je sais, je suis à la bourre, tu me connais ça m’arrive ! » Dis-je en levant des mains innocentes en sachant d’avance que Malia risquait de me faire une remarque, pas plus patiente que moi. Je lui adressais un sourire et remarquais sa tenue : « Et bien ! La sauvageonne est en beauté ce soir ! » Elle comme moi n’étions pas des adeptes de la mode, du make-up et autres joyeusetés, nos passés respectifs justifiants bien la chose. Mais Malia faisait un effort, moi-même il m’arrivait d’en faire, mais c’était pas encore gagné que je m’y connaisse réellement…
Le barman se dirigea vers nous et je commandais avec un grand naturel : « Une pinte pour moi, et toi Malia ? Profite, la première tournée est pour moi ! » Ajoutais-je avec un clin d’œil. J’avais passé commande avec assurance afin que le barman se la joue pas chieur à nous demander notre âge ou autre. Au moins, nous ne faisions pas notre âge, bien plus mature, du moins à notre manière…

Malia est bien l’une des rares avec laquelle je m’entends autant. Bien que je ne sois pas du genre à pleurer parce que je ne me fais pas facilement des amis, il faut avouer que je suis bien contente de l’avoir elle. Puis, ça fait toujours du bien de rencontrer une personne avec laquelle on s’entend autant de la sorte. Elle souriait, au moins elle ne m’en voulait pas, c’était une bonne chose. Elle savait à quoi s’attendre avec moi, je suis loin d’être ponctuelle, mais l’entendre dire qu’elle avait l’habitude me fit tout de même lever les yeux au ciel. J’ai toujours été un poil susceptible alors je le jouais, même si avec Malia je ne l’étais pas vraiment, c’était plus pour se marrer qu’autre chose.

Pour un coyote qui a passé des années sous sa forme à jouer les sauvages dans la forêt, Malia s’était rapidement remise à la page. C’est ce que je relevais en la voyant en robe. Personnellement, j’ai toujours rejeté robe et jupe, beaucoup moins à l’aise ainsi. Vu qu’il m’arrive de courir et bastonner, j’oublie rapidement que mes jambes ne sont pas couvertes… Donc bon, j’évitais. Même si ces derniers temps il m’était arrivé de tester. 1heure ou deux… J’opinais quand elle se montra hésitante : « Pour moi ça l’est. » Il suffisait de nous regarder l’une l’autre pour voir qu’elle faisait beaucoup plus féminine que moi. Mais trêve de bavardage sur la mode. Il est temps de boire ! J’approuvais quand elle me dit qu’elle se chargerait de la deuxième. C’était équitable. Je regardais le barman partir préparer nos verres avant de retourner mon attention sur mon amie et de m’installer à ses côtés.

A peine étais-je installée qu’elle s’exclama, me lâchant une question qui n’en était pas réellement une, plus une exclamation et donc je l’écoutais attentivement. Sans répondre à sa première question, d’une part parce qu’elle ne m’en laissa pas franchement le temps, d’autre part parce qu’il était normal que je n’en sache rien et qu’elle n’allait pas tarder à m’éclairer un peu plus à ce sujet. C’est vrai que Lydia donne des cours de soutien en math à Malia. Personnellement j’aurais pu l’aider, mais ce n’est vraiment, mais vraiment pas mon style, ça ne m’éclate pas du tout, et je pense que je l’aurais embrouillée plus qu’autre chose. Que Lydia s’y colle était parfait. Mais apparemment ce n’était pas de tout repos non plus. Faut dire que les maths c’est pas ce qu’on fait de plus simple comme matière.
J’eus un petit rire à ce qu’elle me lâcha, m’imaginant des pimbêches, comme disait si bien Malia, s’en prendre à cette dernière. Je ris de plus belle en imaginant Malia amie avec ce genre de nanas. Je me calmais quand on déposait nos verres devant nous et trinquais avec Malia : « Si ça continue tu vas devenir Reine du bahut ! ça serait juste hilarant. » Je ne pouvais m’empêcher de pouffer en imaginant Malia apprêtée en princesse avec sa tiare, son pot de peinture sur le visage et des échasses aux pieds. Mais je me calmais de nouveau pour pas qu’elle m’en veuille : « Désolée, j’arrête de me foutre de ta gueule, mais c’est tellement énorme. Je te vois vraiment pas du tout tomber dans ce délire de filles se pensant centre du monde. » Je repensais à l’idée de la cuvette des toilettes en haussant les sourcils et sirotant ma bière : « J’aimerais bien les voir juste essayer, elles risqueraient de finir noyées dans les toilettes… » Malia a beau essayer de se fondre dans la masse, de s’adapter et de paraître la plus normale possible, faut pas non plus la chercher parce qu’elle peut partir au quart de tour.

Qu’elle ait ri au nez de Lydia ne m’étonnait pas. Bon Lydia ne devait pas s’être encore fait au fait que Malia sait très bien se protéger, justement un peu trop avec sa force surnaturelle et donc qu’il vaut mieux prévenir ce genre de pimbêches plutôt qu’avertir Malia. Mais apparemment ça n’en était pas resté là, à ce que je comprenais ça avait un peu clashé entre elles et ça avait mis un terme à leur cours particulier. Finalement ça aurait peut-être pas été pire si je lui avais donné un coup de main. Mais toujours pas mon style. « Ah ouais carrément ! » Dis-je impressionnée par la tournure de leur conversation, mais j’eus un petit rire quand elle parla de Stiles : « Faut dire qu’il s’inquiète pour toi le p’tit Stiles ! Bon après elle aura peut-être tempéré ses propos. » Je fronçais mes sourcils : « Attends pourquoi je défends Lydia moi ? » Avant de rigoler. Je ne suis pas trop du genre à prendre de partie, mais bon j'avoue que j'ai bien plus d'affinités avec Malia que Lydia, connaissant bien moins cette dernière. Je repris ensuite : « Elle devrait savoir que si elle cafte bin tu vas lui retomber dessus. » ça me paraissait logique, mais il faut dire que je comprends mieux la manière d’être et de penser de Malia étant donné qu’on est sauvage toute les deux. Donc ses réactions me semblaient plus logiques et coulant de source. Lydia, c’est une minette au top de la mode qui a sombré dans le surnaturel récemment, elle a beau avoir un fort caractère, il n’empêche que ce n’est pas pareil. « Tu penses que ça étonnera Stiles ? » Questionnais-je de nouveau Malia. Après tout ils sont en couple, il a déjà vu Malia réagir de la sorte alors pourquoi la blâmer ? Elle peut pas changer du jour au lendemain, faut se mettre à sa place aussi…

Je la vis se lever et commencer à danser et sirotais mon verre à ses côtés. J’avais pas non plus qu’on dégoûte Malia de le vie sous forme humaine. Heureusement elle avait Stiles, mais tout de même, personne ne l’embêtait de la sorte quand elle était coyote : « ça te manque parfois ? » Questionnais-je en faisant allusion à sa vie de liberté même si ça n’avait pas été le résultat d’une chose très heureuse.