Mon sac sur l’épaule, j’avais terminé ma matinée de classe non sans quelques difficultés à rester éveillée. A l’époque où j’étais arrivée à Beacon Hill, mon entrée au lycée c’était fait en cours d’année autant être franc, cela ne m’avait pas aidé à me faire toute petite et passer inaperçue pour rester dans la petite bulle que je m’étais conçue depuis la mort de mon père. D’ailleurs, toutes ces histoires m’avaient tellement éloignée de mon objectif scolaire que j’en avais redoublé ma première année dans ce lycée. Je suis humaine après tout et pas très bonne à l’école alors autant le dire clairement : c’était à prévoir. Mais j’avais décidé de prendre les choses en main, même avec pile la moyen, je devais parvenir à obtenir mon examen. C’est donc avec cet objectif en tête que, devant mon casier, je chargeais mon sac de tout ce dont j’avais besoin pour l’exposé d’économie que je devais rendre pour la semaine suivante. Pleine de bonne volonté et armée d’une certaine dose de patience, je me dirigeais vers la bibliothèque avec une petite escale aux toilettes histoire de pouvoir m’administrer ma dose d’insuline de midi à l’abri des regards indiscrets. Je pouvais sentir l’aiguille traverser la peau de ma cuisse. Avec le temps cette sensation était devenue naturelle, ce n’était même plus douloureux à force. Mes petites affaires rangées soigneusement dans ma boite, je quittais aussi discrètement que possible les toilettes pour retourner à mon idée de base : mon devoir. La bibliothèque était quasiment vide, la plupart des élèves étaient sans aucun doute entrain de déjeuner au réfectoire, ce qui n’était pas un problème en soi puisque j’éviterais d’être dérangée ou en tout cas déconcentrée. Parce que oui, j’avais beau être une jeune demoiselle forte de détermination, le côté théorique et moi c’était toujours quelque chose de plutôt compromis. Cela dit, je restais positive et me forçais un peu, histoire de me surpasser. Je déambulais dans les allées de la bibliothèque cherchant des livres qui pourraient m’aider à rendre un devoir potentiellement correct. J’en attrapais un premier, puis un second. Les feuilletant plus ou moins rapidement. C’est donc avec trois livres dans les bras que j’entamais le chemin retour vers l’une des tables de la bibliothèque continuant de plonger mon nez dans l’un d’entre eux. Satisfaite de ma trouvaille, je relevais la tête histoire d’être sûre de ne heurter personne. En tournant au coin de l’une des allées, je tombais face à face avec une jeune femme aux cheveux d’un blond clair très joli d’ailleurs. Son maquillage soulignait ses yeux d’un bleu si profond qu’on pourrait s’y perdre pendant des heures. La regardant d’un air désintéressée je pensais d’abord à passer mon chemin sans rien dire, malheureusement mon côté directe ne manquait pas de parler à la place de ma sagesse. « Tiens MacTire. C’est une surprise de te voir ici. Tu devrais faire attention, ici c’est le coin des élèves instruits, c’est mauvais pour ton image. », lançais-je avec ironie. Bien évidemment ces mots étaient loin d’être des paroles en l’air. Je connaissais plus ou moins la jeune femme et je savais pertinemment que cette dernière jouait le rôle de la fille sotte à longueur de journée. Rôle  qu’elle tenait à la perfection d’ailleurs mais j’étais loin d’être dupe et j’avais très vite vu très clair dans le jeu de la jeune Alexis. Un sourire plus ou moins forcé aux lèvres, je soutenais son regard. J’étais persuadée qu’au fond d’elle, dissimulé sous ses aires de parfaite idiote, elle avait un caractère fort. D’ailleurs je trouvais extrêmement dommage qu’elle préfère renvoyer cette image d’elle-même au lieu de rester qui elle était. C’est sans doute pour cela que je me permettais de lui dire à ma manière que son petit manège ne marchait pas avec moi …
   

Alors que je m’apprêtais à rejoindre ma table de travail, ma rencontre avec une jeune femme stoppais mon pas hâtif. Parce que oui, j’avais hâte. Hâte de terminer ce devoir, hâte de quitter la bibliothèque et accessoirement hâte de quitter ce lycée. Cela dit, j’étais loin d’imaginer que cette impatience pouvait s’accroître davantage. Lorsque mon regard croisait le sien, je n’eus pas besoin de beaucoup de temps pour reconnaître celle qui me faisait face. Il s’agissait d’Alexis MacTire, la voyant traîner dans les parages, je ne pouvais m’empêcher une petite remarque quant à son comportement habituel de fille sotte. D’ailleurs, ma remarque ne tardait pas à obtenir une réponse. Mes sourcils se fronçaient légèrement tandis qu’un sourire plutôt forcé vint étirer mes lèvres naturellement rosées. « Tu devrais mieux te renseigner sur tes proies. Je sais que tu joues la fille pas futée mais de là à me prendre pour une intello, c’est flatteur mais ça ne relève plus de la stupidité à ce stade. », dis-je en arquant un sourcil faisant ainsi référence à mes notes plutôt moyennes. Le regard de la demoiselle aux cheveux blonds comme les blés me détaillait de haut en bas puis de bas en haut. Sa main passait à côté de mon visage, j’avais pu sentir l’air caresser ma joue, pour venir de poser contre la partie du meuble de la bibliothèque que j’avais dans le dos prenant ainsi une position dominante. Alexis s’approchait de moi doucement, mon corps ne tremblait pas, mon cœur ne s’emballait pas. Je restais là, neutre sans la quitter des yeux, regard qui, au passage, restait tout aussi neutre que le reste. Je n’étais absolument pas impressionnée par son comportement plutôt osé. Elle ajoutait ensuite une nouvelle remarque provocatrice avant de passer sensuellement ses dents sur sa lèvre. Un rictus, voilà quelle avait été ma réaction. « Tu ne sais pas qui je suis ma pauvre Alexis. Il faudrait mieux pour toi que t’en tienne à ce que tu sais de moi. », répondis-je à sa proposition que je savais faite uniquement pour me défier. « Cela dit, si tu venais à en apprendre davantage à mon sujet, je serais dans l’obligation de te faire taire. Et même si je ne rêve pas mieux, j’ai pas vraiment de temps pour jouer avec toi. », lançais-je avant de retirer son bras d’un geste plutôt virulent de la main. Même si j’avais connu bien plus spectaculaire comme situation et que son attitude ne m’impressionnait pas, je n’allais surement pas me laisser dominer par un petit génie qui se la joue blonde écervelée. « Pourquoi tu joues les pauvres filles stupides ? Qu’est-ce que tu cherches à cacher Alexis ? », demandais-je en la regardant droit dans les yeux, le regard persant. Quelque chose chez cette fille m’échappait. Je savais pertinemment qu’elle jouait un rôle, qu’elle n’était pas elle-même. Seulement, une pièce manquait au puzzle, pourquoi se comportait-elle ainsi ? Il y a toujours une raison. Seulement, à l’heure actuelle j’étais incapable de l’expliquer mais je n’en restais pas moins déterminée, tôt ou tard, j’apprendrais ce que cette demoiselle cherche à masquer derrière ses aires faussement idiots. Malgré tout, avant que cette dernière n’est le temps de répondre, je m’empressais d’ajouter une petite phrase. « Ah non en fait, je m’en fiche. Ca ne m’intéresse pas. Dommage. », concluais-je en haussant les épaules. Mon pouls restait stable pour la simple et bonne raison que je n’étais pas entrain de mentir. A l’heure actuelle je me fichais complètement de ce qu’elle pouvait bien cacher. Malgré mon obsession dans l’idée d’atteindre un objectif, elle était loin d’être ma priorité. « Sur ce si tu pouvais allez faire mumuse avec tes copains idiots. », ajoutais-je avant de faire un pas en avant pour m’en allez. Seulement, connaissant ma partenaire dans cet échange, elle n’allait surement pas me laisser filer ainsi …