Close Your Eyes ft. Alexis MacTìre •Terminé•

ara prit un certain temps à se rendre compte qu’elle était en cours et que pourtant, elle peinait à garder les yeux ouverts. Les insomnies ne l’aideraient pas à rester concentrer en classe, elle manquait cruellement de sommeil et son cerveau était sur le point de la lâcher. Il n’y avait plus personne chez elle pour la forcer à s’endormir ou même à chercher à se glisser sous les draps, le cadavre de sa tante avait brûlé depuis des semaines déjà, ses cendres se baladaient dans l’air de la ville. Vivre seule, Tara détestait ça, au plus profond d’elle, elle regrettait le meurtre de sa tante, mais il l’avait fallu. Sa mère ne devait pas rester en vie. La brune surmontait peu à peu l’épreuve, se cherchant des excuses pour se pardonner ce crime, pour effacer le sang qu’elle avait sur les mains.

Elle leva un regard fatigué vers le tableau et son attention fut attirée par des petites lycéennes qui semblaient avides de commérages. Tendant l’oreille dans leur direction, elle fit tout pour comprendre ce qu’il disait dans ce coin de la classe. Son sang ne fit qu’un tour quand le nom de sa petite-amie fut évoqué. Ses doigts se resserrèrent sur son crayon qui manqua de craquer sous la pression qu’elle y mettait. Il se disait qu’Alexis aurait trouvé une chérie, ou encore, qu’elle fricotait avec Lydia Martin lorsque Stiles avait le dos tourné. Ses lèvres se pincèrent et heureusement que la sonnerie eut l’idée de retentir, sinon Tara n’aurait fait qu’une bouchée de ces deux idiotes. Certes, personne n’était au courant pour elle et la blonde, mais il fallait être complètement stupide pour rependre une rumeur pareille.

Attrapant ses cahiers et crayons, elle fourra le tout dans son sac qu’elle jeta sur son épaule, ses cheveux tombant lourdement sur ses épaules. Tara était bien discrète aujourd’hui, habillée d’une simple chemise en jean et d’un pantalon noir, elle faisait profil bas. Ses lunettes étaient placées dans ses cheveux comme serre tête. Les paroles des deux jeunes filles lui revenaient sans cesse en mémoire, lui plantant une nouvelle aiguille dans le cœur. Leur relation n’avait pas cessé d’être secrète et Alexis continuait, de temps en temps, à l’emmener dans un coin caché pour lui voler baisers et caresses, partageant son repas du midi avec elle sous les gradins. Ça avait amusé Tara sur le coup, mais elle avait besoin de son soutien permanent et dans cette situation, il lui était impossible de se réfugier dans ses bras. D’accord, elle venait la plupart des nuits pour dormir avec elle, lui promettant moments doux et sulfureux, mais rien de tout cela n’était suffisant désormais.

Elle esquiva un groupe un peu trop bruyant et continua à arpenter les couloirs, cherchant Alexis dans cette foule, connaissant par cœur l’emplacement de son casier. Ce fut au bout de quelques minutes qu’elle aperçut la crinière familière de sa petite amie, un sourire de soulagement étira ses lèvres avant de se faner rapidement. Il y avait une fille avec elle, une brune qui semblait adoré lui sourire. Ses mains se serrèrent comme des dingues autour de ses bouquins alors qu’elle s’approchait comme une furie, prête à l’envoyer valser.

ara fixait cette fille avec une rage qu’elle ne se connaissait pas, sa main était toujours dans les airs et le son de la gifle résonnait encore à ses oreilles tandis que les regards venaient se river sur eux, les murmures détruisant le long silence qui avait réussi à s’installer. Le cœur de la brune tambourinait affreusement vitre contre sa poitrine, sa raison prenant de nouveau les devants, la réalité s’affichant peu à peu devant ses yeux. Que venait-il donc de se passer ? Comment avait-elle pu frapper une élève en plein milieu du couloir sans s’en rendre compte ? Pourquoi ne s’en souvenait-elle pas ?

Son attention se porta sur sa petite amie qui semblait complètement médusée, qu’est-ce qu’elle avait foutu ? Elle se rappelait de cette brune qui riait avec sa blonde, la beauté de cette inconnue, le charme fou qu’elle dégageait, la jalousie qui venait lui susurrer une douce vengeance au creux de l’oreille.  Son poing se ferma et elle se tourna vers les lycéens qui n’avaient pas bougé d’un pouce. Il fallait qu’elle agisse, qu’elle fasse quelque chose avant… Avant que quoi ? Elle venait de faire quelque chose de complètement injustifié pour une fille qui était censée être célibataire et totalement hétéro. La panique à se faire sentir au creux de son ventre. « Désolée… Je… Hm… Alexis tu peux venir s’il te plaît ? »

Regard presque désespéré dans sa direction avant qu’elle ne l’attrape par le bras pour l’emmener un peu plus loin, à l’abri des regards, dans le placard à balai du fond de couloir. Son regard chocolat cherchait celui océan. Elle n’avait pas le droit de se montrer possessive, jalouse. Leur relation était censée être secrète ! Elle craignait la réaction de sa petite amie. « Alex… Je… Je ne sais pas ce qui m’a pris, je suis désolée… M’en veux pas… j’ai pété les plombs… » Tara craquait tout simplement, une relation secrète n’était pas connue pour être agréable à vivre sur une longue durée, la frustration et la jalousie venaient rapidement pourrir le quotidien, rendant cette vie de couple étouffante. Tara avait besoin de souffler.

ara se rendit bien trop tard de son erreur, qu’est-ce qu’elle foutait dans ce placard? Dans l’obscurité? La crise de panique n’allait pas tarder à pointer le bout de son nez si elle restait ainsi dans le noir. Le touché bref mais effrayant d’un cauchemar la fit frissonner, il fallait pourtant qu’elle ne laisse rien paraître. Effrayer Alexis n’était pas dans ses objectifs de la journée. Elle semblait déjà assez chamboulée comme ça, ce n’était vraiment pas le moment d’en rajouter une couche. Un sursaut la prit suite au frôlement du bras de la blonde contre son épaule, il était difficile de bouger sans ennuyer l’autre, elle aurait peut-être dû choisir plus large endroit, elles étaient bonnes pour se donner des coups. Mais bon, il ne s’agissait que d’un simple détail, Tara n’allait pas chipoter là-dessus, elle n’avait pas que ça à faire, son esprit était occupé à autre chose.

La lumière lui fit l’effet d’une bombe et elle papillonna des yeux, son coeur battant plus rapidement dans sa poitrine alors que les mauvaises pensées se retiraient, lâchant prise sur son esprit fatigué. Cette étrange présence disparaissant sans laisser de traces, quelle étrange sensations. Son regard chocolat se posa sur le visage de sa petite amie, elle peinait à reconnaître les détails particuliers de son visage à cause du mauvais éclairage, mais elle était là, c’était tout ce qui comptait, cette garce n’était plus là pour la rendre dingue. Le bruit de la claque lui revint brièvement en mémoire, pourquoi avait-elle fait ça? Ses doigts agrippèrent son haut, s’y tenant comme à une ancre, une bouée. Un élan de douce chaleur envahit son corps quand Alexis vint l’embrasser, ses lèvres avaient toujours eu l’effet d’un calmant sur elle. Le contact de la paume de sa main contre sa joue eut le don de la rassurer, de chasser doutes et incertitudes. Qu’est-ce qu’elle était bien avec elle. Son parfum, son odeur, son sourire, sa voix, tout était parfait à ses yeux, elle n’avait rien à craindre. Elle était restée à ses côtés malgré ce qu’il s’était passé en Irlande et malgré son nouveau statut de meurtrière.

Pourquoi est-ce qu’elle se prenait la tête avec ça maintenant? Non mais franchement, elles étaient censées parler de pourquoi Tara avait eu la magnifique idée de baffer une brune qui tournait un peu trop autour de sa copine. Même si elle avait déjà présenté ses excuses, elle avait toujours l’impression qu’il manquait quelque chose. N’arrivant pas à mettre le doigt dessus, elle était à deux doigts de se fracasser la tête contre le mur. Cette situation ne lui réussissait pas. Ses yeux se fermèrent doucement suite à la douce caresse d’Alexis, ses doigts desserrant leur prise sur son haut pour se poser sagement sur ses épaules, son regard chocolat finissant par se perdre dans celui océan de la louve. “Je suis quand même désolée Alex, je n’aurais pas dû…” Soupir de sa part alors qu’elle liait ses doigts aux siens, en quête du moindre contact avec elle. “Je m’en contrefous de Liana… Vraiment.”

Une petite partie d’elle avait peur de la réaction de sa petite amie face à cette réponse peu amicale, mais une autre lui disait de rester calme, que jamais elle ne viendrait lui gueuler dans les oreilles pour si peu. Elle lui faisait confiance et si elle lui donnait les explications suffisantes pour comprendre la situation, elle n’aurait pas à s’énerver contre elle. “Mais okay.” Alexis ne lui en voulait pas, elle comprenait sa réaction. Alors pourquoi Tara ne la comprenait-elle pas? Pourquoi n’était-elle pas fichue de se rappeler du moment où sa main s’était écrasée sur la joue de la lycéenne?  “Je me suis emportée devant tout le monde, je n’aurais pas dû, ils vont tous se poser des questions…”

Ses yeux se fermèrent automatiquement quand son front se posa sur le sien, son coeur ne semblait pas vouloir ralentir le rythme, et ne parlons pas de son esprit qui était sur le point de surchauffer, les problèmes s’accumulaient. Aucune solution en vue. Une relation aussi saine et ouverte se retrouvait étouffée dans un secret que Tara ne pouvait plus supporter. La présence d’Alexis devenait plus d'indispensable ces derniers jours. C’était crevant de devoir se cacher pour la prendre dans ses bras ou d’attendre l’heure du midi pour pouvoir bavarder joyeusement. Vraiment, c’était insoutenable.

Un léger sourire étira ses lèvres quand un bisou fut déposé sur son front, un sentiment rassurant coula dans ses veines, lui permettant d’ouvrir les yeux de nouveau. Sweetheart. Son coeur se gonfla à ce mot alors que sa main de libre glissa doucement pour se poser sur sa taille, l’attirant un peu plus à elle. Son souffle ricocha contre son cou et elle vint rapidement s’y réfugier, l’odeur d’Alexis ayant le don de l’enivrer. “Elle… Elle était trop proche de toi et je me suis sans doute sentie jalouse… Ca fait tellement mal de voir que tu peux être aussi libre avec une autre fille alors qu’on est obligées de vivre comme des hors-la-loi.”

“Je veux que ça cesse Alexis, je n’y arrive plus, je ne tiens plus. Depuis l’Irlande, j’ai toujours besoin de toi, tout le temps, à chaque heure. Mais je n’ai pas le droit de te toucher, de me réfugier dans tes bras et encore moins de t’embrasser.” Son regard se plongea dans le sien “Je veux que notre relation ne soit plus un secret. Je craque Alexis…” Redressant sa tête brune, elle vint s’emparer tendrement de ses lèvres, profitant du calme qui s’était installé.

lle ouvrit doucement les yeux, plongeant son regard calme dans cette immensité bleue, elle crut bien s’y perdre pour une éternité. La caresse légère et discrète d’Alexis la ramena toutefois à la réalité, son souffle semblant reprendre, son cœur battant de nouveau. Jamais, jamais elle n’aurait cru que tout ça puisse se terminer de cette manière. Elle se rappelait encore des piques de la blonde à son égard, des regards mauvais de sa petite troupe, de cette fenêtre ouverte, de cette soirée, de ce baiser, de cette étreinte. Cette période semblait si lointaine et pourtant, un maigre mois s’était écoulé depuis. Et voilà qu’elle était dans ses bras, plus heureuse que jamais, se sentant en sécurité et aimée. Sa main agrippa un peu plus son haut, voulant s’assurer qu’elle était bien réelle. Combien de fois s’était-elle faite piégée par un rêve qui frôlait la réalité.

Tara but littéralement ses paroles, elle n’entendait qu’elle, ne voyait qu’elle, ne pensait qu’à elle à cet instant précis. Son nom était dans la moindre de ses pensées, son visage dans le moindre de ses songes, elle était partout à la fois. Elle acceptait, elle acceptait de se dévoiler avec elle, la brune ne pouvait pas s’en montrer plus heureuse encore. Enfin, c’était ce qu’elle pensait. Les mots qui suivirent eurent le don de la clouer sur place, de figer le moindre de ses muscles, de lui couper le souffle. Son esprit n’avait pu inventer ce mot, elle l’avait dit d’elle-même, clairement, distinctement et Tara se demandait si son cœur n’allait pas céder sous toute l’émotion qui la submergeait.

Personne ne lui avait déclaré sa flamme, personne ne lui avait prononcé ces mots, c’était si nouveau qu’elle faillit prendre peur. Son regard ne quittait plus le sien, il s’y accrochait, ne voulant pas perdre pied alors qu’elle cherchait une lueur dans ses yeux qui indiquerait une quelconque hésitation. Mais Tara n’y voyait que cette flamme brûlante, dévorante qu’elle adorait chez elle. Cette flamme qui l’avait intrigué dès le premier regard. Devant elle, juste là, se tenait une Alpha, une louve puissante qui inspirait la crainte pour tous. Et pourtant, Tara ne voyait rien de tout ça, elle ne voyait que cette blonde qui avait failli fuir la ville, mais qui était restée. Pour elle. Pour elles.

Sa main se glissa contre sa nuque avec tendresse alors qu’elle trouvait enfin le courage de prononcer quelques mots, sa voix se faisant murmurer. « Tu… Tu m’aimes ? » Une question bien inutile, elle savait qu’Alexis ne disait jamais rien à la légère en ce qui concernait ses sentiments. Mais, c’était plus fort qu’elle, ce besoin de se rassurer sans cesse, d’être sûre. Tara n’attendit même pas de réponse de sa part, elle avait bien trop envie d’autre chose. Rapprochant son visage du sien, elle s’empara de ses lèvres avec une délicatesse dont elle n’avait jamais fait preuve. Sa main se perdit dans ses cheveux alors qu’elle entourait sa taille de son bras pour l’attirer au plus près d’elle. Des larmes de joie et de soulagement coulaient le long de ses joues. Les papillons volaient de nouveau dans son ventre comme à chaque fois qu’elles se retrouvaient si proches. Tara n’avait plus besoin de mots, les gestes étaient bien plus importants.

Le baiser finit par s’intensifier, devant passionné, porteur d’une promesse qu’elle ne souhaitait jamais briser. Alexis serait toujours avec elle, même dans les instants les plus sombres, les plus froids, les plus durs, elle serait là. « Alors… Allons-y » Tara se détacha d’elle, lui tendant la main.

ara, pour la première fois depuis son retour sur la terre américaine, se sentait légère, pure, heureuse. Elle n’aurait jamais pensé que cela puisse arriver un jour. La brune n’était plus la jeune femme innocente qu’Alexis avait rencontré quelques mois plus tôt, elle n’était plus cette fille pleine d’amour et de bonne foi, elle n’en était plus que son horrible ombre. Et pourtant, Alexis arrivait à faire réapparaître son ancien elle, celui qu’elle tentait de récupérer par-dessus tout. Fragile entre ses bras, aimante lors de leurs moments en solitaire, douce lorsqu’elle venait lui murmurer quelques précieuses phrases au creux de l’oreille.

Sa main dans la sienne dégageait une douce chaleur qui se répandit à vive allure dans tout son corps, chassant mauvaises pensées et peurs sournoises, elle n’avait plus rien à dire, elle était heureuse et souhaitait le rester pour toujours. Ses yeux papillonnèrent quand elles quittèrent la lumière jaune du placard pour faire face à celle du soleil dans les couloirs. Son regarde embrassa le décor pendant de longues minutes avant qu’elle ne reprenne doucement ses esprits, son cœur battant la chamade dans sa poitrine, un sourire béat étirant ses lèvres. Elle était de nouveau elle et elle adorait ça. Alexis était son rayon de lumière, son remède, son oxygène, elle avait cruellement besoin d’elle.

Voilà qu’elles se mettaient à marcher et quelque chose vint, de nouveau, enserrer la gorge de la jeune femme. Malgré cet amour fou qu’elle lui portait et ce bonheur infini qu’elle ressentait à son égard, les regards qui se posaient sur leurs mains étaient telles des lames qui lui transperçaient le corps, refaisant naître inquiétudes et angoisses. Tara n’avait jamais été avec une fille auparavant, c’était une première pour elle. Jamais elle n’avait fait part de ses préférences à ses proches, pas même à Madison. Jamais elle n’avait avoué aimer les femmes comme elle aimait les hommes. Mais il était hors de question qu’elle fasse demi-tour pour retourner se cacher dans le placard. Prête, elle se sentait prête.

Le sourire d’Alexis fit naître une nouvelle vague de papillons au creux de son ventre alors qu’elle hochait doucement la tête, se retenant de s’emparer de ses lèvres. Leur goût sucré lui manquait déjà. Après les regards vinrent les murmures et Tara ferma les yeux un court instant. Elle pouvait le faire, elle se savait capable d’affronter l’avis des autres. Mais pour ça, il fallait qu’elle fasse le premier pas, qu’elle fasse quelque chose de complètement fou pour faire fuir peur et incertitudes. Tara devait se lâcher.

Ses pas s’arrêtèrent soudainement, elle se figea sur place, son bras se tendant pour ne pas perdre celui d’Alexis. Son cœur battait un peu plus, son souffle s’emballait et Tara se força à ne plus rien penser. Seule l’image d’Alexis traversait son esprit. D’un coup sec, elle la fit venir vers elle, passant un bras délicat autour de sa taille. Elle croisa son regard quelque peu surpris et lui sourit, la rassurant comme elle aimait le faire.

Et sans prévenir, elle s’empara amoureusement de ses lèvres, comme jamais elle ne l’avait fait. Les regards n’étaient plus que feuilles mortes qui s’en allaient au gré du vent, les murmures n’étaient qu’infimes bruits qui ne l’atteignaient pas. Tout ce qui comptait était la jeune femme qui se tenait entre ses bras et ses lèvres sur les siennes. Tara n’avait plus peur.

Elle finit par rompre le baiser, ce même sourire sur les lèvres tandis qu’elle se détachait de sa silhouette tant aimée. « Alexis MacTìre est ma petite amie ! Vous allez devoir vous y faire ! » cria-t-elle dans les couloirs, sa voix ricochant contre les murs, parvenant à la majorité des lycéens qui se tenaient là.

a voix d’Alexis résonnait tendrement dans le creux de son oreille et un sourire vint étirer ses lèvres alors qu’un poids s’envoler hors de sa poitrine. Tara se sentait bien, heureuse, épanouie, comblée. Son regard se tourna vers celle qui faisait battre son cœur, prête à prononcer ces fameux trois mots, mais elle fut interrompue par une adolescente plus jeune. Ses sourcils se froncèrent sous la surprise, mais elle resta en retrait, laissant Alexis discuter avec elle. L’attention de la brune s’était posée sur une silhouette un peu plus dans le couloir, Liana. Avait-elle saisi le message ? Son cœur se fit plus rapide dans sa poitrine tandis qu’elle serrait le poing. Un drôle de sentiment glissa le long de sa colonne vertébrale, la forçant à fermer les yeux, son cou craqua alors qu’elle essayait de chasser cette horrible sensation.

Ring around the rosie.

Ses yeux s’ouvrirent brusquement quand on lui sauta au cou, ses pieds manquèrent de glisser sur le carrelage, mais ils tinrent bon. Tara ne faisait pas attention à la lycéenne accrochée à son cou, son regard cherchait désespérément la personne qui avait prononcé ces paroles. Une voix de petite fille, mais il n’y avait pas d’enfants ici.

Pocket full of posies

Son cœur loupa un battement et Tara se força à oublier cette voix, ce n’était que le fruit de son imagination, rien d’effrayant, il fallait seulement qu’elle se calme. Ses mains se resserrèrent sur celles d’Alexis alors qu’elle lui rendait son sourire, avec un peu d’hésitation, il fallait l’avouer. « Oui je crois aussi. » Elle se pencha vers elle pour lui faire un bisou esquimau, essayant de fuir cette terreur naissante qui grossissait en elle. Alexis était là, tout allait bien se passer, elle était en sécurité.

Ashes, Ashes.

Elle lâcha brusquement ses mains. Qu’est-ce qu’il se passait à la fin ? Elle tourna brusquement sur elle-même, cherchant cette gamine qui osait chanter dans les couloirs. Elle devait forcément être quelque part ! Tara ne rêvait pas, ça ne ressemblait en rien aux cauchemars qu’elle faisait chaque nuit.

We all fall down.

Ce que Tara ne savait pas, c’était que cette voix qu’elle entendait, était la sienne. Celle qu’elle avait quand elle n’était qu’une enfant de six petites années. Cette chanson que sa mère lui avait apprise et qu’elle chantait quand tout le monde avait le dos tourné.

What do you suppose we?

Tara finit par craquer, et s’en faire attention à Alexis, elle s’élança dans le couloir, cherchant désespérément cette voix. Elle ne pouvait pas venir de son crâne ! C’était impossible ! Elle n’était pas folle ! Son regard voyageait de visage en visage, son cœur battait trop vite dans sa poitrine et son souffle se faisait de plus en plus court. La crise approchait à grands pas.

Can do to fight the darkness?

Elle finit par arriver devant le cul de sac du lycée, celui qui menait à la chaufferie. Il n’y avait personne par ici, pas même un professeur.

In wich we drown ?

Un rire à glacer le sang résonna dans sa tête et Tara s’appuya contre le mur, s’y laissant doucement glisser alors qu’elle se prenait la tête dans les mains, cherchant de l’air en vain. Il fallait qu’elle se calme, qu’elle arrête de penser, de réfléchir, ne serait-ce que quelques secondes. Il fallait… Le rire cessa doucement. Et Tara fit la seule chose qui la protégeait des horreurs de ce monde.

Close Your Eyes.

uelque chose semblait danser devant ce rideau noir, des silhouettes floues, des tâches de différents couleurs. Et ce souffle qui se faisait de plus en plus rare. Cette sensation de sentir la vie glisser entre ses doigts, cette perte totale de contrôle et cette impression que tout s’écroule autour. Tara crevait d’envie d’ouvrir les yeux, mais elle avait bien trop peur que cette voix ne revienne la hanter. Ici, elle avait peut-être l’impression de perdre la tête, mais le silence régnait en maître et aucun bruit ne venait la déranger. Elle pouvait entendre son cœur battre et sa respiration diminuer. Tout indiquait une crise de panique trop proche et trop violente pour qu’elle puisse la gérer seule. Hélas, elle l’était et personne ne pouvait lui venir en aide.

Hey ma belle.

Cette voix résonna en écho dans son esprit, contaminant la moindre de ses pensées, la moindre de ses inquiétudes. C’était une aura apaisante, sereine, sûre, familière. Une douche chaleur se posa sur son genou pour venir se répandre dans le reste de son corps. Et pourtant, son souffle semblait disparaître complètement. La crise était devenue trop dangereuse, incontrôlable. Sa raison avait beau lui dire d’inspirer et d’expirer dans un rythme régulier, rien n’y faisait, Tara se sentait perdre pied.

Ring around the rosie.

Non. Non. Elle ne pouvait pas revenir ! Cette voix avait disparu, comment avait-elle fait pour se frayer un chemin dans son esprit aussi facilement ? Non, non, elle devait se calmer, la crise ne devait pas empirer. Ses yeux s’ouvrirent brusquement, ses prunelles chocolat reflétant ses peurs et ses angoisses les plus sombres. La surprise se peignit sur son visage quand elle reconnut les traits si familiers d’Alexis. Que faisait-elle là ? Sa poitrine se souleva dans le but de recueillir un peu d’air, mais encore une fois, toute tentative semblait inutile.

Inspire… Un, deux, trois… Expire.

Les paroles de la blonde chassèrent celle de l’étrange petite fille. Son regard ne quittait plus le sien, sa main attrapant fébrilement de la sienne pour la serre, se représentant ce contact comme une ancre, celle qui l’empêchait de sombrer dans ce douloureux passé. Il fallait qu’elle l’écoute, qu’elle chasse toute autre chose. Il n’y avait qu’elle, le monde autour d’elles n’existait plus.

Inspire… Un, deux, trois… Expire.

Elle avait beau essayer, mais rien n’y faisait. Son attention était toute portée sur Alexis. Allait-elle s’évanouir ? Perdre conscience devant elle ? Sa prise se fit plus forte. Elle avait peur. Vraiment. Terriblement.

Doucement.

Tara fit la seule chose qu’elle avait envie de faire.

I love you my brave, brave, brave gràidhean.

Ses lèvres se posèrent doucement sur les siennes, à la recherché d’une nouvelle brise, d’un nouvel air. Alexis devait être son remède, sa porte de sortie.

on souffle lui revint peu à peu, gonflant ses poumons d’un nouvel air pur qui lui faisait retrouver le moindre de ses sens. Ses doigts se glissèrent dans la chevelure blonde d’Alexis, avide de son contact, de son odeur, de sa chaleur. Le monde se dispersait autour d’elles, comme une nuée de papillons qui cherchaient un nouvel abri. Tara ne voyait qu’elle en cet instant, elle se forçait à ne penser qu’à elle. Cette voix devait disparaître à tout prix et pour toujours.

Alexis marqua une pause dans leur échange, mais Tara ne voulait pas se risquer à reperdre son souffle et ses lèvres s’empressèrent de rejoindre les siennes, sa main libre agrippant son col. Il n’y avait plus de doutes là-dessus, la blonde agissait comme une drogue sur elle, la rendant dépendante et accro en une fraction de seconde. Il s’agissait bien de la seule chose miraculeuse qui était arrivée dans sa vie. Ca et Madison, et Stiles. Elle leur en serait à jamais reconnaissante, mais rien de tout ça n’était prêt d’être terminé. Et elle le savait. Il fallait qu’elle oublie toutes ses angoisses, ses peurs, ses souvenirs. Repartir sur de nouvelles bases, conquérir un nouveau monde.

Elle finit par rompre le baiser, à bout de souffle. Ses doigts tremblants remirent le haut d’Alexis, correctement en place. Et la brune fit bien attention que les mains de sa blonde ne s’aventurait pas sous sa chemise, la modification de son tatouage devait rester secrète, elle ne voulait pas qu’elle sache pour sa nature de monstre vivant. Tara était, elle-même, incapable d’expliquer le pourquoi de ce changement. Elle n’avait jamais vu quelque chose dans ce genre auparavant. Après tout, elle n’avait aucune expérience dans le domaine des tatouages magiques, on l’avait forcé à l’arborer.

« Alex… Alex j’ai besoin de toi… » Elle cacha son visage dans son cou et la serra fort contre elle. « Est-ce qu’on peut aller chez toi ? Ou quelque part ? Un endroit loin de ce lycée et loin de chez moi… » Sa voix n’était qu’un murmure fatigué, faible et tremblant. Elle n’était plus maîtresse de ses émotions. Elle était soumise à son corps, sentiments, impressions, sensations.

Fuir. Fuir. Fuir. Fuir. Fuir.

Son esprit semblait être bloqué sur ce mot, ne cherchant plus à penser autrement désormais. Son étreinte se fit plus forte et elle se risqua à croiser son regard, dévoilant des larmes qu’elle ne voulait plus voir couler.  Alexis était là, tout ne pouvait qu’aller les biens. Elle n’avait plus qu’à se laisser aller contre elle et se remémorer leurs moments amoureux, ceux qui n’apportaient que joie et calme dans son corps exténué.

HRP: