Une Histoire d'Horloge ft. Stiles

Généralement, je n’avais rien contre les lundis. Au contraire même, c’était le premier jour de cours de la semaine, on attaquait tout juste et ça ne pouvait que bien commencer, sinon, à quoi ressembleraient les autres jours de la semaine ?! Les lundis étaient les jours qui suivaient un week-end bien mérité où je pouvais me languir sur le canapé en zappant devant des séries diverses et variées. Quand ils n’étaient pas consacrés à régler les multiples problèmes qu’avaient la meute. Et c’était bien ça le problème. Le week end qui venait de passer avait été le plus épuisant depuis bien longtemps, et en plus de me trimballer avec une mine horriblement fatiguée digne d’un zombie tout droit sorti de Walking Dead, tout avait dérapé. Et ça avait commencé dès le matin lorsque mon réveil avait oublié de sonner, ou du moins de se faire entendre suffisamment fort pour me réveiller. Et puis quand l'eau avait oublié d'être chaude, mon sac avait oublié d'être prêt, mes chaussures avaient oublié d'être ensemble, les clés de Roscoe avaient oublié d'être sur le meuble de la cuisine. On aurait pu s’arrêter là, mais c’est beau d’avoir un rêve, même quand on sait déjà qu’il ne se réalisera pas. La poisse me poursuivrait au moins pour toute la matinée, c’était certain, si ce n’était pour la journée, ou pire, LA SEMAINE !

Mon casier avait donc décidé d'oublier que j’avais raison en entrant le code sur mon cadenas. La fermeture de mon sac de cours avait oublié de se fermer, renversant la totalité de son contenu sur le sol alors que je me précipitais vers la salle de cours pour ne pas être en retard à ce fichu cours d’art. Marshall avait oublié de laisser la porte ouverte et avait également oublié d'être gentil -ce qui n’était pas vraiment pour me surprendre, mais passons. Mon livre de maths avait oublié d’être dans mon sac de cours, il avait sûrement eu trop envie de rester auprès de son meilleur pote le livre de chimie. Ma calculatrice avait oublié d’avoir des piles neuves et avait décidé, dans son grand élan de générosité, de tomber en panne le jour du devoir. La matinée commençait donc très, mais alors très, très mal. Et c’était certainement pour ça que j’allais à reculons à ce foutu cours de travaux pratiques, après l’art il avait fallu que je me retrouve avec cette option en plus, option qui était –de mon avis- bien plus dangereuse pour ma vie que de traîner avec une meute de loups garous. Il n’y avait qu’à se remémorer le cours précédent où le marteau avait oublié de frapper au bon endroit. Encore un oubli.

Heureusement pour moi, il y avait Tara, mon ange gardien en quelque sorte, elle arrivait toujours à me sortir de mes multiples conneries -volontaires ou non- après avoir éclaté de rire bien évidemment. Comme cette fois où je m’étais fracassé le doigt qu'elle ne manqua pas de me rappeler dès mon arrivée. En rentrant dans la classe elle était déjà là, s'étirant derrière la paillasse alors que je m'approchais sans prendre la peine de jeter un coup d’œil aux consignes d'aujourd'hui, Tara l'avait sûrement déjà fait et mènerait très certainement la danse pendant que j'essaierais de ne pas tout casser. Je m’accoudais sur la paillasse en soupirant : « Une horloge en bois, sérieusement ? » Je fixais pendant quelques secondes le tableau sans vraiment lire les consignes ou observer les schémas avant de retourner à ma camarade en lui plaçant la main sous le nez. « Il va très bien mon doigt, regardes, il est presque plus bleu ! » Je la regardais s’attacher les cheveux, prête à s’activer pour commencer cette fameuse horloge qui ne servira jamais à rien mais tant qu’on était là, autant le faire. Du moins c’était ce que j’essayais de me dire puisque je n’étais pas plus emballé que ça à l’idée de manipuler une scie, un marteau passait encore mais j’avais pas vraiment envie de finir amputé dans l’immédiat et en partant du principe que j'avais la poisse depuis que j'avais quitté mon lit je commençais à douter sur mes chances de survie à ce cours.

Une réflexion fusa presque aussitôt sur ma mine fatiguée, pour changer, mais elle mit ça sur le compte du bal de ce week-end et que je n’avais, selon elle, pas l’habitude de faire trop la fête. J’aurais bien voulu lui rétorquer que je n’avais pas été le seule à faire « la bringue » et qu’elle, de son côté, avait d’ailleurs peut être fait un peu plus que ça. Les hématomes qui ornaient son cou parlaient d’eux-mêmes, mais si je voulais avoir son soutien pendant ce cours, j’vais la vague sensation qu’il fallait que je me taise sur ce sujet, et puis rien ne m’empêcherait de lui faire part de mon avis sur ces marques un peu plus tard. « Commence pas à faire ta chef hein, ça a été un très, mais alors très-très long week-end, encore plus long que t’aurais pu le croire, et j’aurais donné n’importe quoi pour rester dans mon lit ce matin. Doublement plus maintenant que je vois le rendu de ma matinée. Tu crois qu'il n'y a que moi aux abonnés de la malchance ? Parce que j’étais quand même rendu au point de penser que mon réveil, mes chaussures et même mon casier s’étaient ligués contre moi. Et encore je t’ai pas parlé de ma calculatrice ! Ou des profs.. Un cauchemar. Et je devrais peut être arrêter de me plaindre et profiter de ce cours où il m’arrivera rien puisque t’es là pour me protéger, hein que c’est vrai ? Et toi, t’as l’air d’avoir passé un bon week end, non ? » Mince, j’avais dit qu’il valait mieux éviter le sujet « Tara a des suçons dans le cou ». J’avais pointé ma dernière question en tapotant mon propre cou, comme pour lui indiquer qu’elle était complètement grillée, geste qui se termina en quelques secondes par un facepalm monumentale une fois que je me rendis compte de mon erreur. Je reportais mon attention sur la petite scie comme pour lui permettre de détourner la conversation, même si je restais bien curieux sur l’auteur de ces marques.

Tara ne semblait pas très convaincue de mes dires alors qu'elle observait l'ancien blessé de guerre d'un mauvais œil, celui ci aillant manqué de la faire tomber à la renverse sous l'effet de la surprise. Elle claqua mon doigt d'une pichenette pour que j'éloigne ma main de son visage tout en déclarant qu'on ferait en sorte qu'il ne m'arrive rien à ce cours ci.  « Vu comment s'est déroulée la journée jusqu'ici, ça à l'air plutôt mal parti. » Marmonnais-je d'un air sceptique. Je l'observais alors qu'elle commençait déjà à entreprendre quelques étapes requises au montage de cette fichue horloge que je n'avais pas la moindre envie de monter. Il y avait trop de cours auxquels je me trouvais et pour lesquels je me demandais ce que je pouvais bien faire là. Ce cours en faisait partie. Je me contentais donc de la regardais faire, tout en me contentant de lui raconter mes terribles aventures depuis mon levé jusqu'à mon arrivée en classe. J'étais si bien parti dans mon élan que j'en avais oublié ma promesse à moi-même de ne pas embêter Tara et les marques qui ornaient son cou et au moment où je me rappelais cette fameuse promesse, ma langue bien trop pendue avait déjà lâcher la Valda. Dois je te rappeler Stiles, que c'est elle qui te permet de sortir vivant de ces cours ? J'crois pas que c'est conseillé de la titiller de trop si tu veux échapper à l'atelier bricolage... Mon auto-réprimande n'était pas des plus utiles mais elle me poussa à garder en tête que vexer Tara était pas vraiment conseillé si je voulais survivre à cette journée. Je lui adressais un regard presque désolée de l'intervention de ma traîtresse de bouche mais elle répliquait déjà faisant rosir mes joues plus vite encore que les siennes, alors qu'un demi sourire niais naissait sur mon visage en repensant à Lydia, la voir aurait égayé ma journée. Avec toutes ces mésaventures je n'avais même pas à chercher où est ce qu'elle était. Où est ce qu'elle était ? Je me promis de la chercher dès la fin du cours, si j'en sortais vivant, puisque Tara commençait déjà à s'approcher de moi tentant de saisir le col de mon tee shirt pour observer mon cou de plus près, me faisant rougir de plus belle avec un grognement de protestation. Ce qu'elle aurait finit par réussir à faire si le prof ne l'avait pas prit en flagrant délit et rappeler à l'ordre. Elle profita du moment où je jetais un regard surpris vers le prof dont j'avais oublié  la présence, ma petite scie entre les mains, pour me l'arracher et m'ordonner de plutôt du mécanisme, ce qui était beaucoup moins dangereux pour es petites mimines semblait-il.  

Je m'appliquais, en manipulant les rouages entre mes doigts, le bout de ma langue coincée entre mes lèvres, j'étais tellement appliqué que je n'avais pas remarqué le silence s'installer entre elle et moi. C'était plus prenant qu'on ne pouvait le penser quand on s'y mettait ! Je sursautais doucement sur ma chaise alors que Tara s'était arrêtée dans sa construction pour poser son matériel et se tourner vers moi pour me demander si ils se voyaient tant que ça. J'éclatais de rire, un rire surpris mais pas franchement discret puisque la moitié des élèves en plus du prof avaient les yeux posés sur moi. Mon rire s'éteignit doucement et une main se cala derrière ma tête avec un air d'excuse sur le visage. « Oups. Désolé. » Je fis mine de m’intéresser de nouveau à cette foutue horloge, que je détestais de nouveau, le temps d'une minute, tout en évitant soigneusement le regard de Tara qui devait certainement être assassin. Une fois que tout le monde était retourné à ses occupations, je me retournais vers Tara en lui souriant et priant qu'elle pardonne mon égarement la minute plus tôt et ma discrétion légendaire. « Nan, il se remarque pas tant que ça, t'as pas à t'en faire, c'st juste moi qui ait tendance à m'arrêter sur des petits détails... J'pourrais demander à Lyd-... 'Fin notre Reine du lycée comme tu l’appelles, qu'elle t'explique ses techniques de camouflages si tu veux. » Finis je par déclarer en lui adressant un clin d'oeil. Je repensais aux questions que je m'étais posé plus tôt au sujet de Lydia, ce qui m'amena à penser à la tentative de découverte de la peau d mon cou de la part de Tara, puis au week end qui s'était terminé, et enfin le bal. « D'ailleurs tu saurais pas où-.. Aouch ! » grognais en regardant la scie, qui s'était approchée de trop près, avec des yeux noirs de haine avant de les posés sur ma paume entaillé. « Et merde... » Soupirais je.

J'étais -de ce que me laissait supposer Tara- pardonné. Et c'était ce qui m'avait incité à poursuivre dans ma tirade, lui assurant que Lydia saurait l'aider à masquer ce genre de traces et alors qu'elle commençait déjà à protester, presque gênée à l'idée de lui demander conseil, sans que je ne comprenne vraiment sa gêne. Mais mon esprit s'était déjà détourné du sujet pour que je m'efforce à lui répondre pour insister de plus belle. Le fait de ne pas avoir vu ma rousse préférée de la journée s'était de nouveau imposé dans mon cerveau, oubliant le danger qui se trouvait encore entre mes mains. Et c'est ainsi que la catastrophe arriva, alors que je posais ma question à voix haute tout en essayant d'y trouver une réponse par moi-même intérieurement, la petite scie qui se trouvait dans ma main droite quelques secondes plus tôt m’entaillait la paume de celle de gauche. Le comble fut que seul la vue du sang m’alarma, déclenchant un tiraillement au niveau de la plaie par-dessus le marché, sans oublier la plainte qui s’échappa de mes lèvres à son apparition. Mais tout ceci n’était secondaire fasses à l’exaspération que pourrait ressentir ma voisine de paillasse. Un de ces jours je me retrouverais tout seul, elle m’abandonnerait lâchement trop fatiguée pour me supporter ou par le simple fait de devoir se trimbaler un manchot hyperactif à chaque cours, les deux revenant au même en soit. Ma dernière supposition semblait presque sonner juste dans mon esprit, d’autant plus lorsqu’elle m’avoua qu’elle finirait par penser que je le faisais exprès. Je l’observais en fronçant des sourcils, laissant apparaître un iota de susceptibilité sur mon visage. « Genre je suis masochiste, j’aime me percuter les doigts à coups de marteau et m’entailler les mains à coups de scie. » protestais je. « Je tiens encore à ma vie, et crois-moi que si tu n’étais pas là ça ferait longtemps que j’aurais abandonné ce cours. Ou je serais mort… Un des deux. » Poursuivis je. Jusqu'à ce que sa peur apparente de représailles de la part de Lydia pour mes propres conneries me fasses sourire. Elle pensait sérieusement qu'elle lui ferait la peau pour m'être moi même coupé la main ? C'était plutôt moi qui me ferait engueulé comme du poisson pas frais si elle me chouchoutait pas pour être un pauvre et malheureux blessé poursuivit par la poisse pour toute la journée. C'était beau de rêvé. Elle pourrait tout aussi bien se moquer, et je rirais sûrement avec elle. Bref, jamais ça me viendrait à l'esprit de laisser Lydia martyriser celle qui prétendait au rôle d'ange gardien.

J'aperçus Tara jeter un bref coup d’œil au prof avant de me traîner à sa suite laissant l'impression que nous nous enfuyons comme des voleurs, sans demander ni prévenir, ou même s'excuser. Ma main dégoulinait de sang, il pouvait bien nous excuser, non ?  Mais là n'était pas le problème premier. Tara me regarda d'un air que je pouvais qualifier de mi-exaspérée, mi-inquiète, en me déclarant qu'elle ne savait pas où était l'infirmerie. Je pouffais de rire le temps d'une seconde avant de me rendre compte qu'elle ne plaisantait pas.  « Et après c'est moi le cas désespéré ?  » Je levais les yeux au ciel avec un air moqueur.  « Ca valait le coup que l'on s'échappe du cours à deux sachant que je suis le blessé, celui qui est censé être amené à l'infirmerie par celle qui a dû séché la visite complète du lycée à son arrivée. Aller viens, ça pourra t'être utile un jour de savoir où est ce que c'est. » Je l'entraînais donc par ma main encore valide pour la guider à travers les couloirs nous menant jusqu'à l'infirmerie. Mais avant même qu'on ne l'atteigne je me stoppais. Regardant Tara, puis ma main, puis de nouveau Tara.  « On est forcés d'y aller ? T'aurais pas genre juste un mouchoir pour éviter que je m'en colle partout et qu'on aille faire un tour partout ailleurs hormis l'infirmerie ? »