Le vent souffla dans les cheveux de Caalan, que cette dernière avait lissé pour l’occasion. Elle se trouvait sur le pas de la porte du bar de la ville, où un rendez-vous avez été fixé avec la gérante pour un entretient d’embauche. La jeune femme hésitait à rentrer à l’intérieur, de peur de faire quelques gestes inaccoutumés et bourrus qui lui coûterait la place qu’elle convoitait et qui lui permettrait de ramasser de nombreux ragots sur les habitants de cette ville au caractère si particulier. On n’avait pas idée de la proportion de gens, très souvent ivres morts, qui se servaient du comptoir du bar comme d’un confessionnal. La chasseuse avait vite compris que dans les lieux où la débauche régnait, on n’offrait pas d’absolution, juste un verre de plus, et une ardoise un peu plus longue chaque jour. Elle lissa sa robe noire, du bout de ses doigts moites, tout en maudissant sa réticence à entrer. Elle qui pourtant adorait les situations où beaucoup d’autres se sentiraient au bord de la crise cardiaque comme un face à face avec un loup garou, il fallait qu’elle faiblisse sur un simple tête à tête d’une heure tout au plus. Un second coup de vent, plus fort cette fois-ci, souleva légèrement le bas de son vêtement la décida finalement à franchir la lourde porte en bois factice surmonté d’une barre en métal noir. Un contact bref mais rapide, qui répandit le froid dans tout son avant bras qui se parsema de chair de poule.
La pièce dans laquelle elle venait de s’immiscer s’avéra être baigné dans une ambiance totalement charmante, avec ses murs recouverts de peinture grises claire, qui contrastaient avec le comptoir en bois, et le plancher vernis. Le tout était soigneusement éclairé d’une douce lumière blanche qui émanait de lustre un peu vintage, mais néanmoins très classe. Caalan s’empressa de constater que l’endroit était totalement désert : pas un seul poivrot matinal n’était étalé de tout son long sur le bar où sur une table. Soudain, une étincelle de lumière se réverbéra dans les yeux bleus de la jeune fille, attirant ainsi son attention sur une petite sonnette qui trônait sur l’une des extrémités de la planche de bois. Elle se souvint alors que lorsque qu’elle était enfant, elle adorait appuyer plusieurs fois de suite sur l’embout de l’appareil afin de voir le visage des gens qui tentait de contenir leur énervement. Son doigt ne pu céder à la tentation. Aussitôt, un son métallique assez aigu se répandit dans la l’air, flottant jusqu’au plafond et à cuisine, d’où des bruits de fauteuils qui se déplacent émanèrent. Des bruits de pas sur les planches de bois se firent entendre, et une jeune fille sortit par une porte dérobée qui se trouvait de l’autre côté du mur. Elle était plutôt grande, avec des cheveux blonds qui lui descendaient en cascades légère le long de ses épaules. Ces derniers soulignaient parfaitement, et avec beaucoup de finesse le vert profond de ses yeux, dans lesquels elle pouvait presque voir le reflet de sa silhouette mince et droite.
- Bonjour, lança-t-elle gentiment avec un sourire. Je suis Caalan, j’ai téléphoné tout à l’heure pour un entretient d’embauche.