Happy Little Pill || Léonie

Happy Little Pill

Pourquoi habitait-elle si loin ? Marchait-il depuis plus deux heures ? Pourquoi n’avait-il pas de voiture ? Guitare sur le dos, Jack avait terminé sa prestation dans un restaurant assez bien côté et avait les poches pleines de pourboire. Il attirait l’attention. Dans un costume avec nœud de papillon, il ressemblait à ses chanteurs que l’on voyait dans les clips vidéos, à chanteur leur amour brisé. Mais il ne s’agissait pas d’un amoureux trahi, oh que non, bouquet en mains, il se rendait chez sa belle. Il ne s’agissait peut-être pas d’une bonne idée, mais voilà des semaines qu’il n’avait pas eu la chance de la voir.

Il avait mis ça sur le début de ses études et l’avait rapidement pardonné, mais il commençait à se sentir seul. Alors son cœur lui avait donné un coup de pied dans le derrière et le voilà qui traçait sa route jusqu’à chez sa belle. Ses pieds étaient en train de mourir dans ces chaussures trop étroites. Et puis merde, sa guitare électrique commençait sérieusement à peser lourd. Il était certes un adepte de la salle de musculation, mais cette chose était tout de même lourde.

Ses yeux s’écarquillèrent de bonheur lorsqu’il reconnut la maison et il pressa le pas, son souffle devenant buée. On le regardait aussi pour ça. Il faisait étrangement très froid pour un mois d’automne et la neige menacée de tomber même s’ils se trouvaient en Californie. Et le voilà qui se baladait en simple smoking. Les quelques passant qu’il croisait étaient en doudoune et bonnet. Encore une douce pensée que d’imaginer ses mains sur la peau tendrement chaude de Léonie. Il se sentit rougir et rentra sa tête dans ses épaules en continuant sa marche.

Il s’arrêta enfin devant la porte et sonna. Il faisait des petits sauts sur place pour se réchauffer légèrement, la guitare tapait frénétiquement contre son étui, mais il n’en avait que faire. Jack était heureux aujourd’hui. Il avait fait le plein de chair humaine la veille et l’idée de revoir sa chérie était la plus belle chose qui pouvait lui arriver. Monsieur Murphy n’avait prévenu personne pour cette relation entre eux.

La porte s’ouvrit sur le père et Jack déglutit difficilement en se grattant la tempe. Il avait oublié qu’elle habitait toujours ses parents. Il aborda le sourire le plus innocent qu’il connaissait et tendit la main pour saluer le paternel, mais celui-ci restait de marbre. « Bonjour, je viens voir Léonie ? » Aucune réponse verbale ne lui fut accordée, mais on l’invita à entrer. Heureusement.