Hey There! What's going on? ft. Thomas

      C’était étrange de se rendre de nouveau en ville après cinq longs mois loin de tout. Eh oui, j’étais de retour au bercaille et pas de la plus légale des manières. Le camp militaire avait failli me rendre fou, j’avais eu ce besoin de m’échapper, je n’étais pas fait pour obéir à des supérieurs qui passaient leur temps à vous aboyer dessus. Et puis, Joy m’avait tellement manqué, chaque nuit, je m’étais rappelé de ce visage en larmes que j’avais laissé à la gare avant de m’en aller. Certes nous nous étions revus au Bal mais depuis, je n’avais plus donné aucune nouvelle. Je n’avais même pas eu le courage de rentrer à l’appartement pour lui signaler mon retour. J’avais eu honte d’avoir fui le service de la sorte, du coup, je logeais chez mon frère pour une durée indéterminée, cherchant un moyen de gagner de l’argent sans diplôme dans les mains.

Mais là n’était pas le sujet, je devais me reposer selon Henry, oublier ma vie quelques heures pour souffler un bon coup. Facile à dire mais avec tous les problèmes qui pesaient sur mes épaules, j’avais du mal à décompresser. Le parc était calme aujourd’hui et je profitai que les enfants ne soient pas présents pour écouter le silence de cette petite nature au cœur d’une ville. J’écartai doucement les bras pour laisser le vent me caresser avant de reprendre ma route, grattant ma barbe de trois jours du bout des doigts. Je regrettai mes cheveux longs que j’avais dû raser et qui repoussaient difficilement. Au moins, maintenant j’avais enfin la carrure d’un militaire et ne ressemblais plus à ce lâche du lycée. J’étais devenu un homme, un vrai. Je n’avais plus peur du monde qui m’entourait et ne fuyais plus les problèmes. Ironique quand on pensait que je venais de fuir le camp militaire.

Je tournai à droite et repris ma marche, mains dans les poches de mon jean, regrettant de ne pas avoir pris un pull pour mettre au-dessus de ma chemise à carreaux qui ne me protégeait pas du froid. Plongé dans mes pensées, je ne fis pas attention à la personne qui venait dans la direction opposée. Je me la pris de plein fouet et fis quelques pas en arrière en grognant, j’avais eu l’impression de percuter un mur de briques. J’ouvris un œil et fis face à un jeune homme aux cheveux bruns. Mes sens de coyote se réveillèrent brusquement, son odeur était identique à celle de Joy. Un Alpha. Comment était-ce possible ? Il n’y avait que trois Alphas en ville ! Qui était-il ? « Hm... Pardon. Je ne vous avais pas vu. » lâchais-je avant d’enchaîner rapidement « Excusez-moi mais j’ai l’impression que vous êtes nouveau en ville je me trompe ? »

   Je me sentis quelque peu soulagé en me rendant compte que je n’avais pas à faire à un grognon. Il semblait même plutôt aimable, tant mieux, les Alphas avaient toujours eu le don de me terroriser. Je lui offris un sourire désolé avant de plonger mes mains dans les poches de mon pantalon, l’observant discrètement, le jaugeant presque. Je n’avais jamais croisé de loups plus vieux que moi, chose étonnante, les maîtres loups étaient censés être plus vieux. Le vieil âge était toujours synonyme de sagesse, mais les plus jeunes avaient le don d’être vigoureux et efficaces. « Heureusement vous n’avez rien de casser. » Je pouvais pas me la fermer franchement avec mes phrases sorties de je ne sais où ? Il allait croire que je le prenais pour une fillette, je ne partis décidément pas du bon pied.

« Oui je suis d’ici, depuis pas mal d’années. » souris-je en pensant une main dans mes cheveux. « Mais je me suis absenté quelques mois. Ecole militaire tout ça, j’ai un peu l’impression de débarquer comme un touriste. » Et c’était loin d’être faux. Je ne reconnaissais pas beaucoup de choses. Je ne pouvais pas retourner au lycée, il était fini pour moi, je devais donc me résoudre à me trouver un emploi et ça, au plus vite. J’avais pensé au poste de police, mais je devais encore y réfléchir. Je voulais me rendre utile pour la ville, mais j’avais peur que cet endroit me rappelle Joy. Je ne voulais pas penser à elle, pas maintenant. « Pardon, je parle beaucoup de moi. Tic nerveux du timide. »

« La ville vous plaît ? On dit qu’elle referme de nombreux mystères. » Voilà comment introduire la partie surnaturelle de la chose, je souris un peu plus avant de lui tendre la main, un peu plus confiant désormais. Il n’avait pas l’air méchant et il ne semblait pas me vouloir de mal. J’avais besoin d’aide en ce moment, sans mon Alpha pour me protéger, j’étais désormais vulnérable. Je ne savais pas si cette rupture de meute signifiait aussi un divorce, c’était déjà difficile de me dire qu’elle m’avait jeté de la sorte. « Toby Beckett. Et vous êtes ? »