Retrouvaille ou Nouveau combat? [PV Any ]

Le soleil se couchait sur Beacon Hills. Les oiseaux de jours faisaient leur dernier vol de la journée avant de rentrer au nid, choyer leurs petits. Les familles des habitants de la forêt se rassemblaient pour la nuit et moi, je me retrouvais à nouveau seule. La nature semblait se moquer de moi, se moquer de mes six siècles d’existence solitaire. J’avais depuis longtemps compris que je ne devais pas aimer, que je ne serais jamais heureuse avec quelqu’un. Car je ne mourrais pas, je ne vieillissais pas. Enfin, pas comme le commun des mortels. Je lâchais un soupire en fermant les yeux. Je pensais à tous ses fanatiques recherchant la vie éternelle, je leur donnerais volontiers la mienne. Ils ne se rendaient pas compte que cela impliquait la solitude. Je me sentais plus morte que vivante, zombie immortel surfant sur les vagues de l’éternité…

Mon esprit vagabonda à travers mes souvenirs et un visage me revint en mémoire : un visage carré et grognon, épais sourcils froncés, un regard océan. Aeryn, Matthew, Gabirel ou encore Théodore… Ce visage si froid n’est autre que celui d’un Kitsune des océans. A une époque, j’avais eus des sentiments pour lui, avant de comprendre que son but était de tuer tous ceux qui n’étaient pas humain. Il était au courant pour moi, nous nous étions souvent battu ou encore prit dans les bras, nous réconfortant l’un et l’autre. Je n’avais jamais compris pourquoi il ne tentait pas de me tuer. Mais nos vissions du bien et du mal était trop différente, trop éloignée pour que nous puissions avoir un réel lien. Et pourtant, j’étais incapable de ne pas l’aider. Je voulais qu’il comprenne que toutes les créatures de la nuit ne sont pas mauvaise… Mais c’est comment vouloir apprendre à un cochon à voler. Même Redbull ne peut rien y faire.

Je repensais à cette fois, à Venise, alors que je venais de perdre un ami très proche. Il avait été là pour moi, me réconfortant, buvant avec moi. J’avais eus envie de lui, mais froid comme il était, je n’avais rien tenté. Et trois siècles plus tard, j’en étais encore frustrée.  Je levais ma main droite et en bougeais les doigts pour faire apparaître quelques flammes, je les fis danser dans les airs, créant un ballet de forme et de couleurs variant du blanc lumineux au rouge sombre. J’étais le feu. Aeryn l’eau. Deux éléments incompatible et pourtant l’un ne pouvait exister sans l’autre… En fait, cet imbécile d’ondin me manquait…

Mon esprit vagabondait à travers les siècles que j’avais vécu. Au final, je ne savais rien de la vie, je ne savais pas s’il y avait une autorité supérieur. Plus je vivais moins je comprenais l’univers dans lequel je vivais. La longévité que j’avais héritée de ma mère devenait lentement une malédiction. Autrefois renarde fière, j’étais aujourd’hui une créature si triste et solitaire que le soleil et la lune devait se moquer de moi… Seul me restait le feu pour me tenir compagnie. Vagabondant à travers l’histoire de ma vie, le feu prit la forme du visage que j’avais en tête, de cet homme que j’avais aimé, détesté, frappé et embrassé…

-Le monde est petit.

Je sursautais en me redressant, laissant mes flammes retomber. Il était là, devant moi… Sortant de l’eau tel ondin ne faisant qu’un avec son élément. Je le trouvais magnifique et lentement ma stupeur fit place à un tendre sourire puis lentement un doux rire sorti de ma gorge. Je n’en revenais pas, je pensais à lui et il apparaissait ainsi ? Nos destins étaient-ils donc ainsi liés ? Je me remets gracieusement debout.

-Après autant de temps, tu devrais le savoir Aeryn. Mais que fais-tu ici… ? Tu m’as manqué tu sais ?

Je laissais couler mon regard sur son corps que j’avais vu tant de fois, touché et blessé. Ma frustration de l’épisode de Venise me revint et mon sourire perdu un peu de son éclat. Je m’attendais à tout sauf à le voir ici, alors évidemment… Dieu qu’il était beau. Je m’approchais de lui en entrant dans l’eau, m’arrêtant à une main de lui.

-Alors mon beau, comment cela va-t-il finir entre nous ? Vas-tu encore tenter de tuer tout ce qui passe en m’épargnant où vas-tu te décider à me prendre pour cible ?

Je le défiais du regard, j’avais dit ça car je n’en pouvais plus de vivre ainsi, hors du temps…

Il était là. Vraiment là. Et en un regard il avait compris dans quel état j’étais. Pourtant, que pouvais-je y faire ? Continuer à vivre m’ennuyais, me battre contre lui alors que je l’aimais m’ennuyais, le blesser me faisait souffrir. Nous étions renard et humain, mais chez moi, les deux parties de mon être n’en pouvait plus, priant pour qu’un jour quelqu’un me tue… Je savais au fond de moi qu’il n’avait jamais réellement essayé de me tuer, simplement de me ralentir, qu’il aurait aimé que je le suive dans sa conquête d’un monde purifié. Mais je ne pouvais tout simplement pas. J’avais déjà pris bien trop de vie, perdu bien trop d’amis. Et puis, pour quel but étais-je venue au monde ? Nul ne pouvait me dire car nul ne savait, pas même Aeryn.

-Je ne tue pas les Anges, pas plus que je suis ici pour tuer qui que ce soit. C'était simplement sur mon chemin.

Moi, un ange ?  Un sourire triste déforma mes traits. Lui plus que tout autres savait que je n’en étais pas un. Un ange était parfais. Moi, je ne l’étais pas. Mais il persistait à me considérer comme tel. Siècle après siècles. Pour la première fois depuis longtemps, mes yeux s’emplirent de larmes, je n’en pouvais plus. Tout cela devenait trop dur pour moi. Alors, Aeryn eu un geste peu habituel, qui me frappa en plein cœur. Sa main me frôla le bras avant de remonter lentement vers mon visage, sur ma joue. Je fermais les yeux pour profiter de ce contacte, si rare venant de lui. Je posais ma main sur la sienne, inspirant son odeur océan. Nous étions incompatibles. Feu et eau. Et pourtant je ne pouvais vivre sans lui. Au fond de mon cœur, je l’aimais plus que je ne devrais. Je m’étais jurée de plus aimer mais lui… C’était une autre histoire. Amour impossible. Sans tragédie, simplement impossible. Et ne pouvoir aimer quelqu’un enlevait tout but dans la vie d’une femme, tout comme ne jamais avoir d’enfant…

-Toutefois, si tu es ici, je devrais peut-être rester plus longtemps. Tu m'as manquée aussi… Ceci dit, ici tu devras m'appeler Haniel.

A peine avait-il prononcé ses mots qu’il redevient le renard qu’elle connaissait. Elle comprit que la tendresse de cet instant était passée pour lui et elle recula en hochant la tête.

-Et moi, Ashlynn. As-tu un endroit où loger Any?

Elle lui tourna le dos, chose qu’elle n’aurait jamais faite un siècle plus tôt, mais elle n’en avait que faire, s’il voulait la tuer, qu’il le fasse, jamais elle ne se défendrait. Plus rien ne la retenait ici. Y avait-il déjà eu quelque chose… ? Une fois sortie de l’eau, elle fit appel à son feu intérieur et réchauffa ses vêtements, les séchant et fit de nouveau face à la personne que son cœur désirait, la seule personne qui ne la remarquait pas pour autre chose que sa longévité. Jusqu’à maintenant, elle s’était faite un devoir de ne jamais lui montrer qu’elle l’aimait, par fierté, elle continuerait.