Courir avec le loup || Tyler

Lydia avait parfois d'étranges idées qu'elle ne pouvait expliquer. Mais il n'était pas rare de vouloir se défouler pour chasser toute cette impression de crasse envisageable après une soirée un peu trop arrosée.

Lydia s'était faite emportée dans une fête qui n'était pas censée être la sienne. Elle avait bu plus que raison, mais elle ne possédait pas le don miraculeux des loups. Vers les premières lueurs de la matinée,la rousse avait craché son estomac dans les toilettes. Après un petit déjeuner qu'elle s'était forcée à avaler avec une bonne rasade de café et une bonne aspirine, elle était fin prête à chasser les derniers grammes d'alcool de son organisme.

Ce fut bien naturellement qu'elle s'empara de son téléphone pour converser avec son ami Tyler, un petit loup oméga qu'elle avait rencontré lors de ses premières semaines dans la ville.

Il avait d'abord protesté avant de se plier à sa "gentille proposition". Bon elle avait dû l'acheter en lui disant qu'elle lui payerait une boisson à la fin de la session de course, heureusement pour elle, il n'était pas difficile.

Lydia fila rapidement à la douche et s'enroula dans une serviette pour trouver de quoi se vêtir. Ses mains chassèrent les tenues de sport trop légères qu'elle réservait pour ses cours de boxe. Elle ne voulait pas mourir de froid, le mois de novembre n'était pas agréable. Un pull, un jogging et une bonne pair de baskets, elle était fin prête.

La rouquine s'empara des clés de sa voiture et rejoignit le parking de l'immeuble. Elle dut saluer quelques voisins au passage et esquiva une vieille qui semblait prête à lui faire le récit de sa vie. Une fois dans le véhicule, elle fit rugir le moteur et se glissa sur la route pour rejoindre le domicile de Tyler. Elle n'hésita pas à klaxonner pour lui faire comprendre qu'elle était arrivée.

"Salut Tyty, pas trop fatigué à cause d'hier?" Elle rit de sa propre bêtise et s'engagea une seconde fois dans le trafic. "Je te laisse le choix de la musique, mais pas trop fort sinon mon crâne va exploser."

Le véhicule vint rejoindre l'autoroute peut fréquentée. Après tout, personne ne s'amusait à se lever aussitôt un dimanche matin. Elle souffla sur une mèche rebelle et tapota le volant du bout des doigts. "Je te préviens, tu n'utilises pas ta vitesse de loup! Sinon tu rentres à pied." Elle lui accorda un sourire joueur.

Elle l'avait parié et elle avait gagné. Les sous-entendus à propos de la veille fusaient déjà, il ne lui laisserait jamais un temps de répit. Lydia devait se retenir de lui faire quelques commentaires cinglants pour ne pas provoquer un accident, mais elle comptait bien se venger plus tard. Il avait ses pouvoirs, elle avait les siens aussi discrets étaient-ils. La voiture finit par se garer dans les bois. "Range moi ce sourire Tyler, je le connais par coeur. Tu viens de me mentir." Elle rangea les clés dans une poche de son pull et s'étira longuement.

La forêt était bien calme ce matin et elle profita du chant paresseux des oiseaux pour chasser les quelques derniers maux de tête qui lui restait. Son regard se promena sur l'armée de feuilles mortes sur le sol et elle s'accroupit pour nouer ses lacets plus convenablement. "Je suis toujours prête." Lydia fit quelques bonds sur place pour ne pas mourir de froid, son souffle se transformait en buée à chaque expiration et elle regrettait de ne pas avoir pris de gants.

D'un geste simple de la tête, la rouquine lui indiqua un chemin de course qu'elle avait habitude d'arpenter pour ne pas se faire embêter par des randonneurs trop bruyants. Les premiers pas de course furent légèrement désagréables, mais Lydia pouvait sentir son humeur s'améliorer à chaque mètre parcouru et son corps se vidait de toutes les toxines de la soirée. "je me demande si les loups s'amusent réellement en soirée s'ils ne peuvent pas être ivres." Son regard se tourna vers son ami avec un large sourire "T'es particulièrement chiant en soirée toi!"

Son souffle se stabilisait lentement et son corps finit par comprendre le rythme auquel elle allait. Son coeur battait rapidement dans sa poitrine alors que ses pieds foulaient ce sol quelque peu dangereux. On était pas à l'abri de tomber dans un terrier ou une racine. La nature aimait à faire souffrir les courageux qui s'aventuraient dans son royaume.